Sarcloret « Le bonheur »
Le bonheur est chose légère
Que toujours, notre cœur poursuit
Mais en vain, comme la chimère
On croit le saisir, il s’enfuit
Il n’est rien qu’une ombre fugace
Un instant, un rayon furtif
Un oiseau merveilleux qui passe
Ravissant mais jamais captif
Sarcloret
Paroles et Musique Jean Villard-Gilles (2 juin 1895 – 26 mars 1982). Extrait de l’album « Les trois cloches » (1994, avec Léon Francioli à la contrebasse) réédité en CD + DVD en 2008, où Sarcloret et Michel Bühler, et Gaspard Glaus au piano reprennent des chansons connues ou inédites de Jean Villard, entre poésie tendre et satire humoristique ou virulente.
L’auteur vaudois Jean Villard dit Gilles est surtout connu en France pour avoir écrit Les trois cloches, qui connut à partir de 1946 un grand succès, repris par Edith Piaf et les Compagnons de la chanson. Etant l’auteur des paroles et des musiques de ses chansons à texte et à sens, il annonce les artistes ACI contemporains.
Il fera une grande partie de sa carrière en France en duo (Gilles et Julien) dans les années 30, entre Théâtre et chansons anarchistes et antimilitaristes, dont le succès culminera avec le Front Populaire, écouter La belle France : « Là, trop d’abondance / Ici, trop de pauvreté / Trop de différence / Son grand cœur / S’est révolté / Reprenant sa balance / A rêvé d’égalité / La rigue, la riguedondé » qui hélas redevient d’actualité. Ou Vingt ans qui parodie La Marseillaise : « Gloire et fric, Honneur et patrie / Marchands de médailles et d’orviétan (1)/ Les gosses derrière, les morts devant / Non de Dieu, si c’est ça la vie / Mesdames , Messieurs mes chers parents / La vie ne nous fait pas envie / Fallait nous laisser dans l’néant »
On s’aperçoit que même leur façon de chanter n’est pas si démodée qu’on pourrait le penser, et rappelle nettement Les frères Jacques qui d’ailleurs interpréteront des chansons de Villard-Gilles comme Les bonnes (à prendre au deuxième degré !) ou Qu’avez-vous à déclarer, réjouissant inventaire scientifico-fiscal.
C’est de cette époque que date Dollar repris aussi par le trio, voici la version d’origine.
En Suisse, Jean Villard chantera pendant la guerre avec Edith Burger (duo Edith et Gilles) des chansons résistantes. A la mort prématurée de celle-ci, il retourne en France.
Son cabaret Chez Gilles voit naître (sur la rive droite !), le style Rive-Gauche avec des artistes comme les Quatre barbus, Les frères Jacques, Jean-Roger Caussimon, Jacques Brel, Cora Vaucaire et des humoristes tels Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, ou Poiret et Serrault.
Il continuera sa carrière en Suisse en duo avec Albert Urfer notamment, ouvrant un second cabaret Chez Gilles à Lausanne. Il finit sa carrière en Suisse en 1982, phare des jeunes chanteurs romands.
Trois des plus connus lui rendront hommage à la maturité dans ce spectacle Les trois cloches (On peut écouter ici).
Un choix de chansons tour à tour délicates et poétiques, voire philosophiques (A l’auberge du temps perdu, La terrasse des lilas, Dame Pauvreté), paillardes et célébrant la dive bouteille ( écouter La Gonflée, version bonus), ou implacablement satirique (La femme du monde), toujours de grande qualité. Et ce petit chef d’œuvre d’humour méchant sans avoir l’air d’y toucher, C’est un rien mais qui fait plaisir. Leur interprétation, juste, incisive, tendre ou féroce, avec quelques détails contemporains rajoutés, en fait un spectacle de haute volée.
(1) Fausse panacée citée dans L’amour médecin de Molière
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