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Manu Galure, des confettis dans les poches, un chapiteau à la main

Manu Galure à Venelles ©Nicolas Blanchard

Manu Galure à Venelles (photo Nicolas Blanchard)

Manu Galure, 8 juin 2019, MJC de Venelles, co-plateau avec Sarah Olivier

 

Il marche Manu Galure, ça fait deux ans qu’il marche. Pas pour écrire des anecdotes sur les paysages qu’il traverse ou les gens qu’il rencontre. Il marche comme il respire, par tous les temps, au gré des saisons. Il est parti à l’équinoxe de septembre en 2017, il voit se lever le soleil tous les matins, et entend le chant des oiseaux. Ça semble un détail pour vous, pour nous qui avez / avons perdu le contact avec la nature. Tous les matins qu’il pleuve ou qu’il vente il fait ses 25 kilomètres peu ou prou, à plat ou en grimpant, dans les prés ou les zones industrielles. Pas avec un GPS, mais avec de bonnes vieilles cartes IGN. Ça lui fait de beaux pieds (on a pu les admirer, les doigts en éventail, jouant même parfois du piano avec (plutôt du talon), tout frais, peau de bébé, les baskets dans le piano. Ça lui éclaircit les idées, ça évacue les idées noires si jamais elles apparaissaient, ça régule le cœur et le corps.

Après le repas de midi il y a la sieste, après il y a l’écriture, si le cerveau a connecté tous ses neurones ça ressemble à un feu d’artifice, mais comme  pour ces pyrotechnies il y a aussi du travail bien fait, de la technique, de la persévérance. Et naturellement une imagination débordante. Manu Galure, la bouche en fleurs, est de la trempe des Charles Trenet – « Sur la route je chante de tout mon cœur pour les gens qui m’écoutent », des Jacques Higelin – écouter le délire de Maman, ou la chanson d’amour « écrite en marchant pendant que je dormais », des Thomas Fersen, des Dick Annegarn. De la fantaisie à revendre, qui retombe en pluie sur vous comme des confettis.

La pluie, tiens, un de ses sujets favoris, avec cette chanson récente, de l’automne 2017 que nous vous avions déjà présentée, Les pluies anciennes. Carrément dramatique celle-là, à vous donner des frissons « Ils avaient un rire glaçant / Quand ils l’ont roué de coup », ce troubadour au cœur à la traîne (lui ?), « le fou, celui qui gêne (…) de marcher trop légèrement / Quand le monde court en boîtant », et en même temps à vous séduire par cette mélodie douce, insistante.

Aussi avec son tube chanté en fin de concert, Que de la pluie, où Frère Jacques la lui lance, cette pluie de confettis. Mais comme avec Charles Trenet, sous la gaieté dynamisante surgit  l’angoisse du monde de fou où nous vivons : « La pluie c’est vertical / Mais le fric et l’argent sale / Ça coule vers le haut / Regarde-les passer / Les parachutes dorés / Sous des pluies de lingots / Et tandis que ça tombe / Le fric pour faire des bombes / On entend les traders / Qui chantent dans leur bunker ».

Le cerveau de Manu donne aussi naissance à un bestiaire qui prend parfois des allures fantastiques, évitez de bercer votre enfant avec cette histoire des Trois petits cochons, librement inspirée du grand classique. Elle détonne celle-là, à tout point de vue. Pour lui donner ce son particulier, assourdi, le voilà scotchant les cordes du piano. D’abord, rillettes et coup de lardon, salamis et fritons, des cochons, il y en a bien plus que trois, ça commence à quatre et ça finit à vingt-six, et ils sont emblématiques de toutes nos peurs qui nous empêchent de vivre et qui pourrissent aussi la vie de notre prochain : « il a peur que des cochons mauvais lui volent ses idées (…) alors, il s’emmure vivant dans sa jolie maison en pierre. Qui a peur du grand méchant loup (Hououou !) / Ben c’est pas nous ! » Manu imite aussi bien le cri du cochon angoissé que le hurlement du loup affamé. Abritez les enfants !

GALURE MJC 9 juin 2019 N BlanchardQuand il a bien travaillé, Manu enregistre ses chansons avec les moyens du bord, et il nous gratifie d’albums numériques, un par saison ou presque. Vous pouvez les télécharger sur son site. Là on en est au troisième :
Mon piano sur le dos à l’automne 2017 (c’est une image, des pianos, on en trouve toujours sur place, plus ou moins bons). A la MJC c’était un superbe piano à queue Bechstein de location. On ne refuse rien à Manu Galure, sauf qu’il pensait bien que c’était un cadeau à emporter…sur son dos. Enfin c’est ce qu’il a fait semblant de nous faire croire ! Cette belle mélodie porte un texte de départ, des réponses pas très assurées aux interrogations de la Complainte du phoque en Alaska : « Bien sûr ça vaut la peine / De laisser ceux qu’on aime / Pour aller faire tourner ces refrains ».

J’ai dormi près d’un arbre à l’été 2018. On y parle de pingouins (les pauvres sont handicapés par une odeur de pue-la-mort, mais « Je connais des gens parfumés qui sont bien pires et méchants comme tout ! »), d’un chameau, de son allure enviable qui témoigne de son altière indifférence « loin de toute suffisance des cuistres et des méchants ». « Le chameau s’en fout », de la magie de l’orient, de notre monde à l’envers, … et il est le plus raisonnable d’entre nous.

Et au printemps 2019, Que les sangliers te mangent les pieds. Encore une angoisse que comprendront tous ceux qui ont planté leur bivouac en pleine nature, annoncée déjà dans la chanson J’ai dormi. La chanson est une suite d’injonctions, voire de malédictions pouvant toucher le marcheur, qui doit « apprendre à tout quitter sans jamais le cœur lourd ». « Que tu n’écrives bien que ce qui fait mal » ou « Que chaque pas posé creuse à ton visage de nouveaux sentiers ».

GALURE MJC 2019 NB ©N BlanchardLa reprise sera une adaptation d’une chanson déjantée d’Enzo Janacci et Dario Fo de 1968 Vengo anch’io no tu no, ça donne « Est-ce que j’peux venir ? Non toi non. Parce que non ! » et ça balance. Parenthèse bienvenue,  il nous fera le panégyrique des pompiers de Cherbourg, qui comme chacun sait, « sont taillés pour l’amour ».

Entre chaque chanson Manu nous raconte des anecdotes, nous fait  visiter la France. Déjà plus de 7500 kilomètres et plus de 300 concerts. C’est tous les soirs, chez l’habitant, dans une salle de spectacle, cinéma, théâtre, salle des fêtes, médiathèque, centre culturel, un café ou une auberge, et dans les endroits les plus insolites. Chez les bonnes sœurs, chez les fous, les anciens, les détenus, les marins d’eau douce du Lac Léman, au milieu des moutons, sur une péniche, dans une Aérogare, chez un fleuriste, un antiquaire ou un garagiste, dans une librairie, dans une école ou à l’Université, sous chapiteau, dans un jardin, une proprité vinicole, dans un manoir, une église ou une chapelle… et  même dans une des rares MJC survivante (un petit village de résistants qu’on appelle Venelles !). Et ensuite, un hébergement, et on n’a pas besoin de le bercer pour l’endormir…

Un grand Manu qu’on est prêts à suivre au bout des chemins comme le joueur de flûte d’Hamelin

L’an 2 a commencé en  septembre 2018, parti de Paris, il sera à Avignon le 21 juin pour la Fête de la Musique (soirée gratuite) avant de participer au Festival Off du 5 au 28 juillet à l’Atypik Théâtre, 95 rue de la Bonneterie. Le périple se refermera le 21 décembre 2019 au Théâtre Sorano à Toulouse, là où il avait commencé.

Le site de Manu Galure, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

Mon piano
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Trois petits cochons
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J’ai dormi
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  1. Rétrolien 0ff Avignon 2019, le plus grand festival chanson de l’été (2) | NosEnchanteurs

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