D’où viens-tu compagnon ?
Article de Paul Meslet,
7 juin 2019, Théâtre foirail, Chemillé,
A l’heure du chacun pour soi, le seul nom de compagnons évoquerait des années révolues… Pour un peu on entendrait « camarade » dans une région où l’histoire rurale a plus été marquée par l’église que par la République… Et pourtant ils étaient plus de 1000 spectateurs rassemblés en ces trois concerts successifs à Chemillé, au cœur des Mauges, qui ont sorti les mouchoirs (de Cholet) pour l’émotion suscitée par ces neuf et pourtant anciens compagnons de route de la Tourlandry, petit village du sud du Maine-et-Loire…
Rien de triste pourtant dans ce beau rassemblement pour le 60e anniversaire de ces faux gitans devenus vrais compagnons de chansons. N’ont-il pas commencé cette belle carrière par « la coupe de la joie » (ça ne s’invente pas) remportée en 1959 à Annecy…
Après avoir rappelé la genèse de cette folle aventure initiée par le curé du lieu au nom prédestiné pour ce si beau chemin : Marcel Chemineau, ils ont levé les yeux pour remercier le ciel, et la voix de Marcel Godineau s’est envolée pour deux heures de concert…
Après 1166 concerts et 250 chansons au compteur, la prestation est ficelée bien sûr, et la salle se laisse emporter par ces éternels « Nouveaux compagnons de la chanson », Fred Mella n’est pas loin ! Cela saute aux yeux et aux oreilles qu’ils sont heureux de nous rendre heureux…
Qu’il fait bon vivre ! La salle décolle illico à cette chanson de Pierre Delanoë et même si les cheveux sont souvent gris (mais pas que…) on a autour de nous un véritable public, qu’on a peut-être tendance à négliger aujourd’hui, amoureux de la chanson et qui lui, connaît quasiment tous les textes…
Les chansons se suivent avec un beau clin d’œil aux compagnons de la chanson, mais soulignons quelques œuvres de leur cru qui coulent du même tonneau, dont les paroles sont souvent écrites par Bernard Pithon sur des musiques de Gilles Beyssat. Nous retiendrons pour leurs messages plus engagés C’est peut-être demain, inspirée de Ce jour-là de François Budet, chanteur breton qui nous a quitté l’an dernier, et Boat people de Bernard Pithon, sombrement prémonitoire : « Les vagues s’amoncellent en étouffant leurs cris / Ils ont choisi la mer / Ils ont fui la misère… »
Frères gitans de Mannick, angevine aussi, nous rappelle l’amitié de cette belle artiste pour les Compagnons de la Tourlandry.
Tout groupe qui sert la chanson avec talent aborde tôt ou tard la fameuse Ballade Nord-Irlandaise de Renaud, reprise en chœur par une salle archi- bondée : c’était beau, très beau ! Malgré un couplet oublié (ou pas ?) je vous laisse deviner lequel, on est dans le choletais tout de même ! Le vieux curé a posé un regard attendri sur son verger… Peut-être était-ce mieux ainsi…
Ce groupe amateur d’exception propose ensuite un « medley » (ah, le vilain mot !) des grands moments du groupe… Inch Allah d’Adamo, ou ce superbe Hissez des Enfants terribles !
Où vas–tu gitan ? Ils continuent la route vers le 1200ème concert et ils en sont fiers, paysans, ouvriers, techniciens ou éducateur au cœur plein de chansons avec Marcel et Bernard, piliers historiques du groupe et plus déterminés que jamais.
Ils ont été salués comme ils le devaient par une ovation debout des plus méritées dans cette superbe salle du Foirail, tant et si bien qu’après le concert ils chantaient encore en levant leurs verres…
Alors à la santé de la chanson de chœur et de cœur pour vider ensemble encore longtemps cette coupe pour la joie !
Pour en savoir plus sur ces Compagnons, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
A l’époque rappeuse à laquelle je ne me fais pas, et ne me ferai jamais, ça fait du bien de les écouter et pouvoir reprendre avec eux au refrain…dans la pure ligne des Compagnons, leurs aînés, leurs frères, comme ils l’ont chanté à Fred il y a 10 ans déjà
Très agréable à écouter ces Compagnons là!
De très belles reprises.
Merci pour cette découverte.