Helena Noguerra, nue pour le plaisir des… oreilles
Difficile de cataloguer Helena Noguerra. Mannequin, présentatrice télé, romancière, réalisatrice, comédienne et chanteuse. Sans oublier la qualité que chaque article se doit toujours de souligner, même 30 ans après ses débuts (la preuve encore avec celui que vous êtes en train de parcourir) : elle est la demi-sœur de Lio !
En tant que chanteuse, elle participe volontiers à des aventures collectives, la dernière en date ayant été, en 2018, cette sympathique reformation des Parisiennes, en compagnie d’Arielle Dombasle, Inna Modja et Mareva Galanter. C’est cependant avec un disque en solo – son cinquième – qu’elle nous revient aujourd’hui.
L’album porte haut son titre : Nue. La pochette nous montre la chanteuse effectivement dénudée, belle comme jamais, dans un lit de draps blancs et en galante compagnie. Nous sommes donc avertis : ce disque est celui d’une femme qui n’a pas froid aux yeux (ni au reste), assumant ses désirs sans souci du qu’en dira-t-on.
L’amour est d’ailleurs le seul et unique sujet de l’album. N’espérez pas y trouver des traces de politique, des réflexions sur l’existence ou des relents de désespoir bon teint sur l’époque actuelle. Mais n’est-il pas, après tout, le seul sujet qui en vaille la peine ? Auteure des paroles de onze morceaux (le douzième est une reprise d’une ancienne chanson de France Gall, J’entends cette musique), Helena Noguerra nous invite à partager son cœur sans retenue. Tantôt avec humour, comme dans la chanson d’ouverture paradoxalement intitulée Je ne t’aime pas (Quand je suis dans tes bras / C’est que j’ai des heures à perdre), parfois avec passion (Si le bonheur existe / Il ressemble aux matins / Où mon guerrier se désarme / Au creux de mes reins), toujours avec légèreté (Vous ai-je déjà dit / Que je vous veux dans mon lit / Bien d’autres matins / Même s’ils sont sans lendemain). Bien sûr, les chagrins d’amour sont de la partie (Le bulletin météo / Prévoit une dépression / C’est dans l’air du temps), qui ne s’effacent que trop lentement (Il est temps de revenir ailleurs / Le bleu est passé à présent / Délavé par mes larmes). Mais toujours revient un nouveau visage et tout recommence : Je suis bleue de toi / Tu le sais, n’est-ce pas / Je suis folle, folle de toi / Et toi fou de moi. Et malgré les déconvenues passées, on y croit, on veut y croire encore : Quand tu dis des mots j’y crois pourtant / Pour toi ce sont des roses des vents / Que tu offres en guise de serments / Tu parles comme une valse à trois temps.
Nue est un nid soyeux de chansons légères. Dieu que ça fait du bien ! Les paroles sont joliment troussées, évoquant parfois irrésistiblement Serge Rezvani (en particulier, la Chansons sur l’oreiller). Est-ce un hasard, quand on sait qu’Helena Noguerra avait interprété le poète le temps d’un album (Fraise Vanille, en 2007) ? Tous ces beaux mots sont chantés d’une voix sensuelle et emballés dans un écrin musical de rêve. A la composition, Philippe Eveno s’est en effet abandonné à son amour des rythmes brésiliens, concoctant des perles de bossa-nova et des trésors de douceur jazzy. « Luxe, calme et volupté » semble avoir été le mot d’ordre et il a été strictement suivi.
Chanteuse autant espiègle que romantique, Helena Noguerra nous offre avec Nue son album le plus abouti. Le disque d’une jeune quinqua bien dans sa peau, sûre de son charme et de ses atouts, consciente que ceux-ci ne la mettent pas à l’abri d’un échec, convaincue qu’il vaut cependant mieux en rire qu’en pleurer, la grimace est plus belle ! Au détour d’un vers, elle nous offre même un petit autoportrait clin d’œil : La grande Duduche au cornet de frites / Débarquée de sa Belgique / Avec son fado nostalgique. Amour et humour s’emmêlent. Irrésistible, je vous dis.
Helena Noguerra, Nue, B.M.G., 2019. La page Helena Noguerra sur le site 3C, c’est ici.
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