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La Maison Tellier, hommes sweet hommes

La Maison Tellier (photo (c)William Lacalmontie)

La Maison Tellier (photo (c)William Lacalmontie)

6ème album studio déjà pour les cinq acolytes de La Maison Tellier. Avec un défi de taille : soutenir la comparaison avec leur disque précédent, Avalanche, paru en 2016 et réussi en tous points avec son habile mix de chanson française traditionnelle et d’ambiances western façon Ennio Morricone.

L’album s’intitule Primitif moderne. Il s’ouvre sur la chanson-titre, portrait sombre de notre époque recluse sur elle-même : Relancer la fête, oui mais : comment faire ? / Si tout le monde éteint ses lumières. Morceau déconcertant de prime abord, par l’usage de synthétiseurs lui donnant un son vintage, auquel le groupe ne nous avait pas accoutumés. Cette option est conservée dans la chanson suivante, Prima notte, une idylle mort-née dans la douceur d’une nuit romaine (A quoi bon… Si les contours incertains de cet amour ne dessinent rien ?) et, dans une moindre mesure, pour le troisième morceau, le redoutable Chinatown. Inhabituel d’entendre de tels sons synthétiques chez un groupe ayant toujours privilégié le folk-rock aux accents country, mais pourquoi pas ?

Que leurs admirateurs rétifs au changement se rassurent : les 8 morceaux qui suivent (9 avec la chanson cachée) voient le groupe renouer avec son passé, pour le meilleur et le meilleur. En guise de rupture, la grande introduction (plus de 2 minutes) du 4ème titre, Fin de race. Désormais, les guitares seront remises en avant, à égalité avec les cuivres. Le tout au service de chansons rock entraînantes et efficaces, plus urbaines toutefois qu’ouvertes sur les grands espaces. Décidément, l’horizon se rétrécit de jour en jour…

LMT_PRIMITIFS_MODERNES_PROMO_DEUX_LIGNES_PRINTL’album contient donc son lot de chansons à même de faire se trémousser les auditeurs. Nul doute que ça pogotera ferme dans les salles qui accueilleront la tournée qui s’annonce, tant les refrains des Apaches ou de La Horde, les guitares déchaînées de Ali ou le crescendo de Laisse-les dire ne manqueront pas de mettre le feu aux poudres.

Il serait erroné cependant de limiter l’album à une collection de morceaux dansants. Jamais en effet les paroles ne se contentent d’être les faire-valoir du véhicule musical. Par contraste avec l’énergie musicale déployée, le propos est rarement joyeux. Fin de race évoque la mort et la fin du monde, sans espérance d’une autre vie (L’espoir est un poison / Gardez ce poison / Très loin de moi / Advienne que pourra). Je parle d’un pays décrit l’errance d’un loup solitaire prêt à passer à l’acte (D’où vient cette colère qui ne te quitte pas ? / Oui, tout peut s’oublier, mais tout ne s’oublie pas). La chanson Laisse-les dire aborde le mal-être adolescent, pour s’achever avec ce précieux conseil : Souviens-toi d’une chose / Pour vivre heureux, vivons. La jeunesse, ses rêves et ses désillusions, est également le sujet des Apaches et de La Horde, retour introspectif sur l’adolescence du narrateur, tandis que Tout est pardonné se penche sur la noyade accidentelle de 4 jeunes bravaches. Qui a dit que c’était merveilleux d’avoir 20 ans ?

Le disque s’achève sur la superbe et poignante chanson Les sentinelles, fées étranges et malveillantes (Elles ont saisi ton étincelle / Ma belle / Et m’ont replongé dans le noir) qui règlent leur ballet sur un envoûtant lit de percussions tribales et de guitare électrique. Une magnifique conclusion que n’aurait pas reniée un Dominique A.

Petit à petit, la Maison Tellier trace son chemin. Je vous invite à faire une halte dans son patio pour y déguster son original cocktail de musique couillue et d’émotion à fleur de peau. Doux et chaud à la fois. A consommer sans modération.

 

La Maison Tellier, Primitifs modernes, Messalina/Verycords/Warner, 2019. Le facebook de La Maison Tellier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

« Chinatown » Image de prévisualisation YouTube

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