Collectif 13 : le vivre et chanter ensemble
« Treize dans la différence / Eparpillés dans toute la France / On ne place aucune distance / L’important est de vivre ensemble / Collègues… » A ceci près qu’ils se nomment Collectif 13 et qu’ils n’y sont que onze : que voulez-vous, depuis le coup de la sardine qui bouche le port de Marseille, les gens du 13 ont toujours eu tendance à un tantinet exagérer ! Mais pas sur les musiques, ni sur les paroles, sauf que celles-ci sont longues à souhait mais pas inutilement bavardes. Pas quand on véhicule des valeurs de fraternité.
Chanson, reggae, rock, hip-hop… c’est bouillon de cultures que cette tribu à nulle autre pareille. « C’est quoi ce collectif de chanteurs ringards / Ces poètes immatures, écolos revanchards / Qui rameutent des foules de fumeurs de pétards ? » C’est effectivement un collectif. Quand on a une cause à défendre, on fait un collectif. Eux l’ont fait. Eux ? des qui nous viennent de La Rue Kétanou (Mourad Musset), de Tryo (Guizmo), de Massilia Sound System (Gari Grèu), du Pied de la Pompe (Gerôme Briard et Erwann Cornec), Le P’tit son (Max) ainsi qu’Alee, Syrano, DJ Ordoeuvre. Max et Fred Mariolle.
« On ne se coiffe pas, on est collectif et tondus / Nous on n’se coiffe pas avec un pétard, on l’fume ! ». Ce Collectif-là n’engendre pas la mélancolie. Leur nouvel opus, comme le précédent et outre sa qualité, est plus un témoignage : un qu’on acquiert pour se préparer à les voir en concert et qu’on réécoute ensuite pour éternellement prolonger cet instant de pécho, de rythmique, de sons électroniques, d’euphorie, de douce folie. Et d’un savoir bien vivre qu’on aimerait être plus partagé encore. Si leur chant est joyeux, il n’en est pas moins grave, qui ausculte notre société, pointe du doigt et de la voix : « Tout petit déjà on chantait la misère / Pour ceux qui n’s’en sortent pas, pour ceux qu’ont bien les nerfs… » On aurait qualifié il y a vingt ans cette chanson-là de « musique alternative ». Mais c’est pas cette musique qui l’est : c’est tout le message, qui est un vrai projet politique en soi, qui plus est beau et respectable. Qui certes dénonce souvent (« On n’a pas fini d’en rire, et dire que ça n’est pas fini / Parmi les hommes, y a toujours pire, y’en a aussi des pas finis » chantent-ils à propos de Trump) mais, sous les vers, propose en creux un possible autre monde bien moins cruel, moins sordide, où le fric n’est plus forcément le saint Graal de toute chose : « Si tu cherches une place au soleil, elle est là au soleil / On le peut, on peut faire autrement ».
Ce Collectif 13 est comme la résurgence de l’éducation populaire, et chacun de ses concerts une université en soi. A chaque spectateur de poursuivre ou non sa conversion vers un monde plus juste, qui certes chante et enchante, mais pas que. « On ne veut pas servir la soupe sauf si c’est pour tout le quartier / On ne veut pas suivre la troupe sauf si c’est pour manifester ». Donc, manifestons, même et surtout en dansant !
Collectif 13, Chant libre, Salut productions/Sony music 2019. Le site du Collectif 13, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là. En concert parisien le 12 avril 2019 au Café de la danse.
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