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Serge Utgé-Royo, la longue mémoire

Serge Utge-Royo (photo d'archives)

Serge Utge-Royo (photo d’archives)

14 mars 2019, Palais de la Mutualité, Lyon,

 

« Comme un coquelicot / La révolte pousse à travers champs / Rouge et noire… » Et jaune, semble-t-il, telle une jonquille, un forsythia, un mimosa… Il y a dans l’air du temps, dans les spores qu’il transporte, de cette révolte que, depuis toujours, chante Serge Utgé-Royo de sa voix de velours. Pas de gilets jaunes cependant dans cette salle jadis créée pour abriter les sociétés de secours mutuels : il faudra leur faire connaître Utgé-Royo, qu’ils sachent que leur colère couve depuis longtemps sous la cendre, qu’elle s’exprime en rimes, que ce qu’il chante n’est que ce qu’ils gueulent. « La révolte vibre sous le vent […] Naissant et mourant / A chaque instant / Fleur éphémère / De l’espoir ».

Oui, le chant d’Utgé-Royo « s’en vient de la longue mémoire » et « pousse […] dans l’écho du présent ». Nous voici pour plus d’une heure et demie de chansons révolutionnaires. Une anthologie de chant passés, dépassés ? Non. Pour l’essentiel que des chansons nouvelles, dont les vers sont enracinés dans nos vies d’aujourd’hui, dans les champs comme à travers le bitume, sur les ronds-points, devant l’autel du Fouquet’s.

Les musiques sont légères, presque dansantes, la voix guillerette. A l’écouter distraitement on lui donnerait le bon Dieu sans confession : grosse erreur, il est athée, il est anar !

C’est de toute beauté, taillé dans la finesse de paroles et de musiques entrainantes, je n’ose dire galvanisantes. Pas forcement de celles qui nourriraient les barricades, encore que. Que faites-vous de telles chansons ? Vous avez, vous public, la responsabilité de les partager, faire ce qu’aucun média ne fera jamais, encore moins à présent. Vous aimez Utgé-Royo, alors offrez-le de vos lèvres pour qu’il aille aux oreilles du passant, du manifestant, fut-il en rouge, en vert, en noir, en jaune. Que son chant gonfle plus jeunes poitrines que vous, qu’il rejoigne la playlist de la colère et de la détermination : « j’espère enfin qu’un vent se lève /Jeunes humains, j’attends, j’attends ».

Deux fidèles comparses aux côtés du chanteur : Jean My Truong à la batterie et Léo Nissim au piano. Sobres et efficaces, doués à l’envi. On se dit que nulle autre formation ne saurait si bien coller au chant calme et mutin d’Uté-Royo.

Certains mots reviennent plus souvent que d’autres dans les vers de notre anarchiste. Comme celui de République. Trop de prétendus responsables, des Les Républicains et autres, le galvaudent, le salissent, qu’il est bon de l’entendre dans sa virginité, son idéal révolutionnaire, qui plus est ici des deux côtés de Pyrénées.

Deux sombres reprises ce soir : Mutins de 1917 de Jacques Debronckart, puis Jaurès de Jacques Brel. Et, même couleur de chagrin et colères mêlés, une chanson d’avant Charlie et Bataclan qui presque les devine, les annonce : « Des jeunes gens s’en vont, vêtus de mortes fleurs […) Décimant les enfants qui chantent et qui sourient ».

 

Le site de Serge Utgé-Royo, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. En concert le dimanche 7 2019 avril à Béziers. Image de prévisualisation YouTube

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