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Canine, craquante sous la dent !

Canine (photo DR)

Canine (photo DR)

Et si le temps d’un disque, tant les lecteurs de NosEnchanteurs que l’auteur de ces lignes sortaient de leur zone de confort ? Car l’artiste dont il sera question dans cet article n’est pas de la famille de ceux que l’on a coutume de croiser dans les pages de notre quotidien de la chanson. Déjà, elle chante en anglais. Pas tout le temps, certes, mais majoritairement : seules 4 chansons sur les 13 qui composent son premier album font usage de la langue de Voltaire. Il est clair toutefois que ce ne sont pas les paroles, quelle que soit la langue utilisée, qui retiendront l’attention de l’auditeur. Le voyage est ailleurs.

Canine, c’est le pseudo mystérieux derrière lequel se cache Magali Cotta, trentenaire parisienne d’origine niçoise. Un nom qu’on aurait pu croire réservé à un groupe. Mais après avoir entretenu le mystère, la sortie de son CD a obligé la chanteuse à tomber le masque dont elle aimait s’affubler à ses débuts : Canine est bien l’œuvre d’une personne, auteure-compositrice, même si, sur scène et dans ses clips, on ne la voit qu’accompagnée d’un groupe de danseuses et choristes exclusivement féminines. The Girl power en action !

L’album s’intitule Dune. En anglais comme en français. La magnifique pochette entrouvre la porte de son univers : une forteresse au lointain, une cavalière et sa monture, scrutés par des gens perchés sur d’étranges constructions, tandis que le ciel se zèbre d’un sigle mystérieux. Nulle mention du nom de l’artiste, ni du titre de l’œuvre. Une photo mêlant le passé et la modernité, et laissant libre cours à l’imagination et la rêverie.

DuneLe contenu est à l’image du contenant. treize chansons pour 50 minutes de musique alliant soul, pop, gospel et electro. Des chansons planantes ou rythmées, à écouter dans le calme de la nuit, quand plus aucune contingence n’empêche l’envol, ou à savourer sur un dance-floor. C’est riche, touffu, surprenant. Ça groove d’enfer ou ça nous emmène au loin. A la fois très actuel par le bidouillage des sons – claviers, boîtes à rythmes et cordes classiques se marient harmonieusement – et intemporel par l’utilisation des voix. Car Dune est avant tout un disque vocal. L’artiste, formée au Conservatoire, y fait preuve d’une maîtrise sans pareille, modulant sa voix pour en tirer les effets les plus troublants. Preuve nous en est d’ailleurs donnée d’emblée avec le morceau d’ouverture (Laughing), à la résonance toute masculine. Les chœurs s’en viendront tout au long de l’album marquer les chansons de leur empreinte, tour à tour martiaux, aériens, emphatiques ou enjoués. Extraordinaire travail de production que celui-là, puisque toutes ces voix mêlées n’appartiennent qu’à la seule chanteuse.

On aura compris que Dune est un album qui nécessite plusieurs écoutes pour se dévoiler. On pourrait le rejeter pour son côté pop-music dansante (il n’est pas interdit de parfois penser à Mylène Farmer), comme sa grandiloquence énervera probablement les partisans de la simplicité. Mais foin de pinaillage : il est trop rare de pouvoir se mettre entre les oreilles un disque sortant réellement de l’ordinaire !. Sont-ils si nombreux les artistes à nous offrir un tel univers cohérent dès le premier album ? Amateurs de Björk et de Camille, ce disque est pour vous. Quant aux autres, qu’ils se laissent entraîner dans cet univers magique, spirituel et charnel à la fois : l’émotion viendra les cueillir, fût-ce à leur corps défendant.

 

Canine, Dune, Polydor/Universal, 2019. Le site de Canine, c’est ici.Image de prévisualisation YouTube

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