Yves Jamait, on en veut toujours !
12 janvier 2019, MJC de Venelles,
On serait en « Amérique », on le dirait tout naturellement : « Voilà le Boss ! », celui de la chanson française, celui qui remplit les salles, celui qui assure grave sur scène… Quand Yves Jamait débarque devant nous, tête nue enfin (ça lui va bien !), c’est comme une évidence, c’est son public, ses fans, qui l’attendent de pied ferme. Alors, qu’est-ce que ça change, un homme sans sa casquette fétiche ? Rien que dans le très bon, on le devine déjà, et c’est ce qui réjouit cette salle comble de Venelles, dont le public a réservé depuis de nombreuses semaines. On le sait, Yves Jamait est un fidèle ; on retrouve dans ce concert les thèmes qui lui tiennent à cœur, la vie, le temps, l’amour, la liberté, les errances, l’amitié… Des thèmes qui ratissent large ? Mais c’est tout simplement que cette écriture magnifique vient des tripes et qu’il nous parle de l’essentiel ! Et puis les coups de gueule, toujours présents, dont on ne saurait se passer, parce que c’est aussi pour ça qu’on l’aime, Yves Jamait. Pour ses indignations, ses révoltes qui nous parlent d’un monde à refaire et de l’amitié nécessaire.
Une belle déclaration pour commencer « Oui je garderais tout / Et referais sans peine / Le chemin tortueux / Qui me mène à nous », avec la chanson éponyme du dernier album Mon totem. Si la chanson commence doucement, elle s’envole vite dans le rythme de la batterie de Mario Cimenti, la guitare de Jérôme Broyer (ou plutôt les guitares !) et de l’accordéon de Samuel Garcia (qu’on verra aussi au clavier ou au bandonéon) ; on voit là sur scène une vraie tribu musicale, une troupe virtuose complice à 200% depuis longtemps autour des chansons du « Boss ». Des rythmes qui nous attrapent sans échappatoire aucune, on l’entend en salle, ça fredonne et ça balance, les nouvelles chansons sont déjà connues du public ! Avec Dans vos yeux sur un poème de Gaston Couté, on se demande qui d’autre pourrait chanter « Dans vos yeux / Profonds comme des abîmes / J’ai souvent cherché des rimes / Aux lacs bleus et spacieux » tout en balançant son micro de manière suggestive ? Personne. Et c’est magnifique, émouvant. Jamait chanteur d’amour ? Ah oui, mais c’est qu’on est là bien loin du sirupeux ; on est dans le rugueux, dans l’élan vital, dans l’essentiel, avec « Je n’ai que faire de ce monde où tu n’es pas » dans Si tu pouvais, ou dans un monde où l’amour resterait le seul choix possible « parce que la vie est trop brève pour te remettre à demain » dans Vivre avec toi.
Et on le regarde, parce qu’il se plante devant nous en enfourchant la chaise de café qui est sur la scène ; on le suit parce qu’il nous le chante les yeux dans les yeux ; et on le croit parce que ce qu’il nous dit là, éveille le meilleur de l’humain, réveille l’émotion et le désir d’avancer malgré tout. Quelle présence incroyable, quasi magnétique, se dégage de lui sur scène ! De l’humour toujours (l’homme ne se prend pas au sérieux et c’est tant mieux) et de l’émotion souvent. Le cœur se serre avec Qu’est-ce qui t’a pris, cette incompréhension quand l’ami en souffrance s’en va trop vite : « Qu’est-ce qu’on a fait / Ou plutôt qu’est-ce qu’on n’a pas fait ». Là aussi, qui d’autre que lui, s’inspirant de Victor Hugo, chanterait les bouquets qui hélas fleurissent les routes, et font voûter le dos de la compagne ou de la mère quand « Elle posera les fleurs au pied de ce poteau » ? Les femmes encore avec cette invitation à la prise de conscience, d’un homme qui parle aux hommes « C’est la mère, la sœur, la femme / Ou la fille d’un homme / D’un homme comme toi », avec Celles, hommage à ces femmes trop nombreuses qui subissent encore la violence masculine, qui fait écho à Je passais par hasard.
On retrouve avec une douceur nouvelle les anciennes chansons ; d’une voix presque contenue dans le rond de lumière, Jamait entonne Le temps emporte tout, et c’est encore plus beau qu’avant. Les autres grands succès sont là, C’est l’heure est le prétexte du p’tit crème pour s’asseoir au guéridon, ou le toujours magnifique Même sans toi dont le refrain est repris à deux voix par le public ! « C’est mieux qu’un Grammy Awards, nous lance-t-il, ou une Victoire de la musique ! ». La fin d’un amour ? Bah, Pas la peine, chante la salle avec lui « Quand l’amour se fait volatile / Qu’il se débine ! ». Une chose est sûre, J’en veux encore ne laissera pas de répit à Jamait, bien lui en a pris de placer cette chanson à la fin du récital, parce que les spectateurs la lui chanteront à pleins poumons jusqu’à ce qu’il revienne (bien sûr) sur scène, entonner Je crois. Credo en la vie s’il en est, credo rassemblant là encore les thèmes essentiels, porteurs d’une espérance qui souffle un vent de liberté sur cette salle provençale. Si on l’oubliait, Yves Jamais est là pour nous le rappeler « La vie passe si vite qu’on en oublie parfois / Qu’à preuve du contraire elle n’arrive qu’une fois », chansons à vivre pleinement « le nez dans le vent » et « peu importe où ça nous mène », puisque c’est avec Jamait, « ensemble on y va » et on y croit aussi !
Le site de Yves Jamait, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Dès l’aube
Très bel article me donnant envie de le revoir sur scène avec ses nouvelles chansons.
Merci
Tout est dit dans les premières lignes : « Voilà le Boss ».
Autrefois on était heureux, presque fier, d’annoncer « j’ai vu Brel sur scène ».
Aujourd’hui, on peut dire « j’ai vu Jamait ».
Quand je lis votre article, je me revois à Toulouse, et quelles émotions.
Un merveilleux artiste que j’ai hâte de rencontrer le 8 mars. Bravo pour ce bel article très élégant, joliment rédigé et merci.
BRAVO!!!!!pour une fois,c’est super bien dit!et vrai!Merci et BRAVO!