Laurent Viel, Jacques Brel : les mêmes moulins à vent
9 janvier 2019, L’Essaïon, Paris,
Dix ans après la création de ce récital dans cette même salle, Laurent Viel nous ré-enchante Brel. C’est au galop de son pied de micro-Rossinante qu’il nous arrive sur scène, accompagné de son fidèle Sancho Garcia ! On se lance à ses côtés, tel des Don Quichotte, à l’assaut des monuments que représentent certaines des chansons de Jacques Brel.
Reprendre Brel, c’est courageux, l’exercice n’est pas simple, ça peut même être périlleux… Mais là, rien à dire : bravo, Monsieur Viel, on frise la perfection !
Tel un diablotin jaillissant de sa boite, cet espiègle troubadour réinvente Brel avec brio, talent et énergie. Ce sont, sans nul doute, les chansons du grand Jacques, mot à mot et notes à notes. Mais pas la moindre imitation ! Ce n’est que du Brel mais ce n’est absolument pas Brel qu’on a devant soi. Plein les yeux, plein les oreilles : on est ébahi, scotché par l’originalité de cet époustouflant spectacle et par la personnalité de cet Arlequin de la chanson, autant comédien que chanteur. Dans un rythme enlevé et par l’expressivité de ses mimiques (un peu comme au cinéma muet), il nous transporte dans un monde parallèle, son univers Brel à lui. C’est joyeusement décalé, univers musical complètement réapproprié par cet interprète facétieux qui arrive même à nous caser du reggae comme si Kingston était jumelé avec Vesoul. Attention, même si on rit et sourit beaucoup, ce n’est pas du comique. L’émotion et la puissance des textes restent là, entiers, préservés, mais c’est tout en finesse et légèreté, rien de dégoulinant dans cette interprétation.
Au talent de l’interprète, on ajoute celui de la mise en scène de Xavier Lacouture, une magnifique mise en lumière, et la complicité avec Thierry Garcia, cocktail parfait pour passer une soirée exceptionnelle. Vous y êtes venu pour le talent de Brel et vous repartirez bluffé par celui de Viel.
Lister les chansons présentées, quel intérêt… Allez, pour le plaisir, trois de mes préférées : Orly, Ces gens-là et La chanson des vieux amants.
Laissons le mot de la fin à Laurent Viel lui-même : « Je chante Jacques Brel aujourd’hui pour réveiller notre quête d’absolu. Je veux flirter avec la folle et douce utopie de me prendre pour Don Quichotte et de partir combattre les moulins à vent ».
Le site de Laurent Viel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Votre dernière chance de le voir dans un avenir proche : mercredi 30 janvier 2019
à 21h30 à L’Essaïon, 6 rue Pierre au Lard 75004 Paris (tél 01 42 78 46 42).
Les mêmes moulins à vent ? Pas sûr du tout…
Nous (ma femme et moi) avons saisi l’occasion proposée par Babette Richard pour aller voir le spectacle « Viel chante Brel »
le 30 janvier.
Michel Kemper a très bien défini ce qu’est une bonne reprise de chanson. C’est, je cite de mémoire, lorsque on oublie la version de l’interprète qui l’a créée.
Or en voyant ce spectacle, je n’ai malheureusement pas oublié Brel une seconde.
En plus des mélodies passablement décalées, on ne retrouve rien de l’ambiance « brélienne ». On est complètement autre part. Où ? C’est d’ailleurs ça qui est difficile à dire.
Viel fait un numéro (qu’on peut aimer ou non, car il en « rajoute » beaucoup, bien plus que Brel ne le faisait), mais celui-là n’a rien à voir avec l’univers de Jacques Brel.
Bref, contrairement à ma femme, j’ai été très déçu par ce
spectacle.
avec l’univers de Brel. C’est très dommage.
J’ai donc moi aussi vu le spectacle le même jour.
Pendant les trois premières chansons, j’ai fermé les yeux pour essayer de retrouver Jacques Brel. Et je ne l’ai pas retrouvé…
J’ai donc réouvert les yeux et regardé le spectacle sans plus penser à lui.
Je dois dire que j’ai été fascinée par la performance de Laurent Viel. Son spectacle est excellent. On voit et on écoute Brel sous un jour nouveau. Oui, Laurent Viel réussit parfaitement à renouveler l’oeuvre de Brel. En cela, il est formidable. Bravo !
Hông-Hanh Luguern