Olivier Béranger, la confiance en l’homme
11 janvier 2019, La Cave aux artistes, Aix-en-Provence,
Nous avions quitté Olivier Béranger sur la mise en musique de ses Inter-
noctambulles, Chez Rachel lors du Festival d’Aix, délicates peintures d’humains, de villes et d’atmosphères. Mais Olivier Béranger ne fait jamais deux fois de suite le même concert. Si nous le retrouvons dans un de ces lieux de proximité qui nous sont chers, comme à Michel Trihoreau, tenu par le pugnace et fidèle Richard Daumas, c’est pour un concert différent, un parcours de vie, entièrement en guitare-voix, renouant avec sa plus pure tradition folk et à l’abri du trop plein de décibels qui lui nuisent.
Peut-être, entièrement a cappella, est sans doute la plus saisissante déclaration d’amour que l’on peut faire à une femme, avec ceux qui ont partagé sa vie et ses enfants: « Je t’aime, je n’attendais que toi, avec ton passé, notre avenir (…) et j’ai dû fuir tous mes enfers pour entrer dans ton paradis ».
Sans nous laisser reprendre nos esprits, il nous propose un inattendu exercice de confabulation : recréer les souvenirs du nouveau-né qu’il fut, un 25 juillet 1967 : « Il y a tout autour, du sang, de la lumière (…) je suis nu, j’ai froid / Personne n’entend ce cri qui pousse au fond de moi / Ce cri qui vient du fond des temps / J’ai peur d’être vivant ». Troublant.
Même si Olivier Béranger donne une impression d’assurance tranquille, avec cette voix émouvante et rassurante, on le voit traversé de colères, de révolte, et ce sont cris, devant la terre abusée, les hommes politiques prêts à tout pour réussir « C’est la nouvelle école / A l’américaine, tout un symbole » ou, à l’inverse, les humains contraints à des rôles qu’on leur impose, à des réussites matérialistes, des rythmes inutiles. Mais il sait aussi se mettre à la place de celui qui, dans le secret de l’isoloir, perd la mémoire « Mais les vagues de notre histoire / N’ont rien de Marine la nuit / Quand revient le brouillard ». Là où sa guitare pincée en boucles, sait créer l’inquiétude.
Ses personnages féminins sont forts et peints avec tendresse, telle cette Célibattante assoiffée d’amour qui n’a pas le temps de vivre sa vie de femme ; celles tout autour de la terre, Tant de femmes à comprendre, à aimer, avec sa superbe chute : « tant de femmes…en toi ». Ou la tubesque Salomé, bâillonnée, rêvant d’un ailleurs.
Pas de vision traditionnelle de la femme pour autant ; ce qui lui importe, c’est la recherche de l’humanité, du vrai sens de la vie, souvent inspiré de son vécu personnel.
D’abord, dans l’intimité de la famille : l’amour, et la paternité que Tes enfants, ceux de sa femme, lui ont donné. Pour faire [s]on métier d’homme. La sécurité de la maison de famille : « On a poussé la grille / On est tombé d’accord / Sans se dire un seul mot / Sans même se regarder ».
Puis gagner la liberté des Saltimbanques : « Nés pour peindre ou écrire (…) Ils nous parlent de notre vie / On se demande comment ils savent », pour la pure joie de se retrouver « Pas pour la gloire, pas pour l’argent » dans le cœur des gens.
Si le concert fait la part belle à l’album La terre est en colère, sans oublier ni les chansons des débuts, ni celles, intimes, de Larmes secrètes, c’est peut être qu’il y a urgence à rebâtir l’humanité. Olivier Béranger y est habile, et le public, de tous âges, est conquis. Comblé par la reprise en cadeau final de cette si jolie fable du québécois Alexandre Poulin, L’écrivain, chanson de transmission chantée en duo avec l’enfant à la tête d’ange. C’est la confiance de son professeur qui a changé la vie de l’élève, et non un quelconque objet magique : « Y’est dans ta tête ton grand talent / Le stylo v’nait de chez Uniprix ».
Pour retrouver Olivier Béranger sur facebook, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
J’adore.
(commentaire publié sur facebook)
Merci Catherine Laugier ! Je connais , car je travaille dans mes cours toutes les chansons que tu as commentées ! Sauf la dernière qui a dû être la cerise du gâteau ( et avec le petit champion! Quel bonheur Olivier Béranger de pouvoir tout partager avec ton petit bout d amour!)… Je regrette de ne pas vivre en France… je pourrais faire pas mal de km en voiture pour ne pas rater ces concerts… hélas il y a l océan.