Arthur de la Taille : bien taillé pour l’envie
« Quand est ce qu’on part, qu’on oublie tout / Qu’on ne prend plus de rendez-vous ? / Quand est ce qu’on lâche là sur une plage / La pression qu’on subit partout ? » C’est une nouvelle voix dans la chanson, de cette chanson où les textes veulent faire part égale avec la musique. Les musiques, plutôt, l’inspiration allant dans le large spectre musical qui l’a jadis construit : jazz, pop, brésilien…
Derrière des notes joliment ordonnées, les mots trahissent des inquiétudes, une mélancolie soucieuse de ce que nous sommes dans nos courses folles. Sur nous comme dans nos rapports aux autres : « Et nous sommes tous sans visa sans visa sans visa, sans visages / Divisé, divisé, divisé, sans visée ».
Ses mots sont comme des crayons qui re-dessinent un monde plus enviable, même fait de chimères : « Alors je plonge dans la vie, j’la prends à bras le corps / Je cherche mon paradis, à la vie à la mort / A la lumière des poèmes parfois la nuit s’éclaire / Et quand je vis ce que j’aime, ma vie est éternelle ».
Propos intelligents servis par une voix qui sait sculpter, ciseler les émotions. Qui vous interpelle, vous secoue, vous remue. C’est un album dans lequel on entre pour ne plus s’en sortir, des chansons dont on garde l’empreinte bien après l’écoute, petite musique intérieure qui vous touche dans l’intime comme dans le collectif.
Arthur de la Taille n’est pas tout à fait un total inconnu. En 1998, il est un des deux du duo de guitares Gadjé ; six ans plus tard, avec sa sœur Clémence, il fonde le duo vocal Calame : nombreux concerts encore et deux albums à leur actif. Ce premier album sous son nom, sorti il y a plusieurs mois, est un peu comme le grand bain pour lui. Autant que des fonds baptismaux, baptisé qu’il fut par un Coup de cœur amplement mérité de l’Académie du disque Charles-Cros, ce qui n’est pas rien.
Arthur de la Taille, Ministère des ondes, LGSR 2018. Le site d’Arthur de la Taille, c’est ici.
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