Katrin Wal(d)teufel, si le bonheur existe
6 janvier 2019, Théâtre Clavel, à Paris,
C’est dans la totale obscurité que débute son concert. De quoi déjà nous imprégner de sa voix, de son tempo. Elle claque des doigts, fait percus de son torse. « Radieuse journée / Ouvrir la fenêtre / Fermée depuis longtemps / Ouvrir la fenêtre / Et se laisser aimer… » Voici Katrin Wal(d)teufel, la Cello Woman de la chanson. « Clair de femme / Double dame / Baroque et tango / Parsemée dans mes dissonances / Sur ma corde je m’élance… ». De fait, elle se lance. Double femme dit-elle, chante-t-elle. « Je suis le calme et l’écume / Je suis pardon et rancune / Je suis deux en une ». Moitié violoncelle et moitié femme. Mais, c’est nouveau, beaucoup d’infidélité pour l’instrument qui l’a fait reine, qui souvent reste sinon sur la corde au moins sur la touche. Car elle touche, elle tâtonne, elle caresse l’amour. L’inspiration est printanière, primesautière : « Si le bonheur existe / Qu’il nous en vienne une part / Qu’il nous vienne tôt ou tard / Je persiste et j’insiste / Qu’il vienne ». Qui est l’élu, qui touchera à sa corde sensible ? Elle qui n’était que rivée derrière son instrument cette fois-ci bouge, danse presque, fait étranges chorégraphies. Que voulez-vous, c’est l’amour… Jadis elle faisait souvent dans le sombre ; là elle est légère, gracile. Si grave il y a, c’est de constater les faux amis sur son nez, sur sa peau, « la fin d’un âge d’ingratitude » : l’acné ! Pas au top pour séduire… « T’es beau / Tes qualités et des défauts / Font un étrange tableau », « Voulez-vous de mon amour pour vous ? » L’amour se met en scène (avec l’aide, je dois le dire, de Xavier Lacouture), cherche la part des hommes, trouve celle des anges : « J’voudrais juste trouver la ligne / Entre la vie que j’ai et celle qui j’imagine ».
Sur la même scène, Katrin a trouvé un musicien, de dessous un clavier, bien caché. C’est Bastien Lucas, claviers donc mais aussi guitare. Et chanteur, ce qu’il est par ailleurs : « Qu’on veuille marquer son territoire / Ou qu’on en sorte juste pour voir / On est félin / Fait l’un pour l’autre… » Laissons les gazettes supputer, susurrer l’idylle, les deux font la paire. Tant qu’on ne sait pas, on ne sait plus, à qui s’adresse Katrin, à Bastien ou au violoncelle un peu délaissé, désoeuvré : « Nous sommes la bête et la belle / Nous sommes deux en une ». Qui de l’homme ou de l’instrument pour « J’veux lire en braille sur ton poitrail que nos cœurs… » ?
Dit comme ça, ça ferait comédie musicale, hymne à l’amour. C’est juste façon de raconter. Il en est une autre possible, qui vous dirait que Katrin Wal(d)teufel vous chante les méandres, les affres de l’amour. Même dire non (Savoir dire non, superbe chanson !), tant il est vrai qu’« il y a des non qui libèrent ». En fait la dame tourne autour de l’amour, le chante, s’enchante et se désenchante de lui. C’est brillant, c’est passionnant. Tant que ça ne nous fait pas (trop) regretter la Wal(d)teufel d’avant, au temps et au ton graves, celle qu’on ne pouvait que fondre avec son « monsieur Cello » qui certes tient toujours les cordes, mais nettement moins.
Le facebook de Katrin Wal(d)Teufel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. En concert au Théâtre Clavel chaque 1er dimanche du mois jusqu’à juin 2019 inclus.
Merci Michel d’être venu nous voir ce dimanche et d’avoir pris le temps d’écrire un si chouette article.
Monsieur Cello va être ravi de savoir qu’il t’a beaucoup manqué alors qu’il n’est silencieux que sur 2 chansons…
Connaissant mon violoncelle il va en rougir d’autosatisfaction (ou de plaisir je ne sais pas) !!! Merci Babette pour les belles photos…
Affectueuses bises de Cello Woman et à bientôt