Vanessa Paradis, sources momentanément taries
Le précédent album de Vanessa Paradis, Love songs, est sorti il y a cinq ans, produit et en grande partie écrit par Benjamin Biolay, son compagnon d’alors. Changement d’amoureux : le nouvel impétrant, Samuel Benchetrit (auteur, acteur, metteur en scène, écrivain…), signe ou co-signe sur Les sources la moitié des titres. Ça coule sans doute de source mais sans faire, loin s’en faut, même sur des portées bossa ou blues, de grandes chansons. Que des cartes postales même pas chics, clichés éculés, se voulant stylés mais sans âme : « Je cherche une place / Et tes jambes si belles, si près / Je les vois / Et toi ? » (La plage), « J’ai déjà dit ces mots simples / En y croyant ou en feinte / La première fois enfant / A moi-même de temps en temps » (Ces mots simples) ; « On oubliera / De s’être aimé / Ce décor parfait / Ce grain de beauté / Les regards secrets / Et le temps passé / L’attente sur les quais / Le nombre d’années » (On oubliera)… Bof.
Par défaut, on aura tendance, à l’unisson de la presse nationale, à ne citer de cet album que le générique : la réalisation est de Paul Butler, du groupe britannique The Bees (qui fait largement dans les sixties) ; l’écrivain-musicien-dessinateur italien Fabio Viscogliosi y signe deux titres, l’un en français, l’autre en italien) ; Adrien Gallo, de BB Brunes, en signe un autre ? Et Vanessa elle-même, aussi. Guère plus.
On doit aimer Vanessa Paradis pour ce qu’elle est : la grâce incarnée, la goutte de rosée qui suinte de nos écrans télés. Pour cette petite voix, si douce, si belle, si enfantine toujours, qui sait mieux que quiconque nous distraire, nous perturber, nous émouvoir. C’est dire si on aimerait qu’elle se trouve à nouveau un ou des paroliers de poids – il en existe, pourtant ! -, un projet, que ses chansons prennent de la consistance. La simple évocation de Paradis doit bien faire saliver des plumes. Car nous n’avons là que cette voix aimée, adorable. C’est elle que nous écoutons, cette sensualité bien mise en avant, ne prenant même pas le temps, l’effort, d’écouter un propos qui jamais ne sait nous attirer, encore moins nous captiver. Et encore, l’orchestration parfois ruine l’effet, par une batterie qu’on aimerait bien plus discrète. A part ses fans, qui peut écouter ça sans prodigieusement s’ennuyer ?
Dans le milieu du showbiz on se pâmera sur ce disque comme on prend une posture. Mais c’est grande imposture. Nous sommes dans le monde réel et il faut dire que ce n’est pas un album réussi, loin s’en faut : il nous fait regretter les précédents. Et déjà nous languir du suivant.
Vanessa Paradis, Les sources. Barclay Universal 2018. Le site de Vanessa Paradis, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
J’écris des chansons ! À ton service, Vanessa !!!
Disque très banal mais les programmateurs radios se pâment déjà, on l’entend plusieurs fois par jour et j’écoute la radio seulement dans la voiture.
Peut-être je pourrais lui proposer mes chansons… mais il y a beaucoup de mots différents…
Elle a fait un disque sur l’oreiller. C’est son choix. Elle peut tout se permettre… Elle est libre. Peu d’artistes médiatisés le sont. C’est un luxe.
Il faut aussi aller les chercher les plumes, faire cet effort-là, ne pas se contenter de ce qui existe déjà ou solliciter le mec du moment. En dehors de la faiblesse des textes, ce disque m’endort. Il faudrait aussi à Vanessa des compositeurs qui envoient un peu du bois.
malheureusement , même les fans (de la première heure) partage votre avis!