Jofroi : é…mot…ions !
Après Cabiac sur terre en 2011, le nouvel album de Jofroi nous parvient juste avant la fin de l’année. Onze nouvelles chansons, la reprise d’une de Julos Beaucarne (Le petit royau- me), un texte (L’homme qui voulait peindre la mer) et Un petit air sont au menu de ce disque glissé dans une pochette qui montre un Jofroi à l’œil malicieux.
Le texte placé en exergue du livret mérite d’être lu avec attention car des phrases entières peuvent être appliquées « au mot près » à notre auteur-compositeur-interprète. Oui il tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de nous offrir de nouvelles chansons pour preuve le temps écoulé depuis le précédent enregistrement. Oui chercher, peser, ne pas mâcher, ciseler, affûter, aiguiser, jongler sont autant de verbes qui peuvent caractériser l’une ou l’autre des chansons du nouvel opus.
Sans être naïf, Jofroi appelle encore et toujours de ses vœux une terre hospitalière où il fait bon vivre (Habiter la terre). Les femmes et les hommes unis par de tendres sentiments y vivent en harmonie avec la nature (Pique-Nique). Un monde où la musique a tout naturellement sa place (Un petit air). Une terre où les anciens transmettent connaissances et amour à leurs petits-enfants (Mes petites-filles).
Cette terre sur laquelle les hommes ont leurs interrogations métaphysiques (Y’a personne). Mais aussi sur laquelle tous les hommes ne sont pas animés des mêmes nobles sentiments (Heureusement, y’a des chansons et La ferme à Gaston). Des hommes qui restent en contact par-delà les pays et les continents (Courriers désirables). Des échanges entre le Québec et les Cévennes qui marquent et qui parfois font naître des chansons (Que dirait le vide).
Ce monde où la vie parfois prend fin brutalement et laisse les amis la gorge nouée par l’émotion (Chanson pour Marilyne). Un monde où les saisons se suivent (Chronique du printemps) et où la mer avec ses couleurs changeantes est une histoire toujours recommencée (L’homme qui voulait peindre la mer).
Ce nouvel album se referme sur une chanson de Julos Beaucarne (Le petit royaume). Il aurait pu se refermer sur une chanson d’Hugues Aufray, de François Béranger ou de Félix Leclerc car ils sont eux aussi les grands frères en chanson de Jofroi.
Pour les arrangements et la direction musicale, Jofroi a fait appel à Line Adam comme pour de nombreux albums précédents. Les arrangements musicaux sont classiques et sobres avec ici une guitare tendre ou jazzy, là des traits de flûte aériens ou virevoltants, parfois une trompette un peu canaille et entraînante ou encore un petit air d’accordéon. L’équilibre entre le chant et les instruments est très bien réalisé avec une légère préférence sur la voix et donc sur les textes des chansons. Si Jofroi chante pour ses petites filles il n’a pas pour autant une voix de grand-père. Sa voix défie le temps et reste belle, profonde et bien timbrée.
Enfin et par allusion au texte d’introduction du livret, on peut affirmer que ce nouvel album génère des é…mot…ions. A mon tour de dire que là, j’en perds mes mots…
A écouter et réécouter sans modération, faites passer le mot !
Jofroi, Habiter la Terre, EPM/Socadisc 2018. Le site de Jofroi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Et voici un homme du monde, un mondain terrien ou un terrien mondain qui me touche au plus profond de mes racines, des racines de mon coeur.
C’est violent mais sans violence.
C’est tendre mais sans étalage
C’est drôle mais sans être comique
Comment vous dire que cet homme à ce pouvoir d’agir sur nos vies.
« Si ce n’était manque d’amour », je lui dirais que je l’aime au coeur de ses mots quotidiens.
S’il ne l’avait déjà fait, je vous raconterais avec ses mots « L’eau de la rivière »
Alors la Belgique à « Cabiac sur terre », putain! j’ai envie d’y aller depuis si longtemps…nous nous sommes croisées il y a si longtemps à Bastogne, Arlon, à Liège que sais-je ? Nous débutions en « Prières Iconoclastes »…
Merci Jofroi