Bertille, chansons pop-pastel
Le(la) préposé(e) aux chroniques discographiques à l’emporte-pièce du magazine Elle en parle comme d’« une électro-pop rêveuse » : c’est vrai que les journalistes crédibles ont tous, toutes, un clavier moderne où le mot « chanson » est définitivement banni : c’est tellement ringard de le dire, pire encore de l’écrire. Alors, disons-le : bien que multi-instrumentiste de formation classique, Bertille Fraisse est ici chanteuse et fait dans la chanson, cette forme artistique populaire qui existe depuis bien avant toutes les autres formes d’art et vraisemblablement leur survivra.
De la chanson certes « électro-pop » (c’est une subdivision actuelle autant, souvent, qu’un terme fourre-tout), qui plus est « rêveuse » : la chanson de Bertille, toute mignonne, toute douce, éthérée, presque irréelle, couleur pastel comme l’est le visuel du disque, paradoxalement destinée aux salles amplifiées, pouvant donner cette impression et incliner à la mélancolie. C’est d’ailleurs cette délicatesse qui peut surprendre l’oreille, tant qu’on n’osera monter le son trop fort pour justement garder son intimité, sa fragilité, quitte à cesser toute activité et simplement écouter, profiter, se laisser happer, séduire…
Ça peut faire songer à L (Raphaëlle Lannadère) : y’a comme un air de famille dans la forme. Mais c’est encore trop frais, bien trop fragile. Et la matière pas encore pensée, pas assez travaillée.
Ceci dit, c’est un tout, qui a de l’allure mais qu’il ne faut pas tenter de trop disséquer. Les textes, sympas à l’écoute, ne passent que rarement la rampe s’ils sont orphelins de cette musique pop qui leur impulse la vie, et de cette voix si agréable à nos oreilles : « Il y a du vent dans les voiles, le monde bouge et c’est tant mieux / Il pourrait bientôt c’est normal, ce vent, caresser des cheveux ». Encore que, il est possible que derrière « Si nos désirs sont migratoires / Et s’envolent au gré des saisons / Nos volontés sont accessoires / Nos envies celles des moutons » il y ait l’esquisse de belles idées. Mais qui ne restent qu’en l’état d’esquisses : la chanson, ici, ne fait que suggérer, qu’amorcer. C’est déjà bien.
Bertille, EP, MAD [Pias] 2018. Le facebook de Bertille, c’est ici.
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