Xavier Plumas, les grands espaces intérieurs
Double actualité pour Xavier Plumas, la figure de proue du groupe Tue-Loup, dont NosEnchanteurs vous ont déjà entretenu à quelques reprises.
Tout d’abord, il est membre du club restreint des auteurs qui ont la joie, l’honneur et le privilège de figurer au générique du magnifique album posthume d’Alain Bashung, En amont. Il y est en bonne compagnie (Dominique A, Raphaël, Doriand, Arman Meliès…) et son Beau déluge, tableau noir d’un champ de bataille, y fait belle figure, s’intégrant parfaitement à l’univers du chanteur défunt.
Mais surtout, cette fin d’année le voit sortir son troisième disque solo, intitulé Mayerling, du nom de la marque de la montre que possédait son grand-père (merci le dossier de presse !). Loin des climats noirs et des déchirures qui ornent le répertoire de son groupe, Xavier Plumas s’offre ici une parenthèse apaisée, une promenade bucolique, un détour par les grands espaces.
Les titres des morceaux sont éloquents : Silence, Contreforts, Ramier perdu, Sœur, Eloge du lointain… Des chansons qui font la part belle au recueillement et à la méditation, chantées d’une voix douce et sans emphase (au risque d’en devenir parfois monocorde). Dont on ne cherchera pas à comprendre le sens à tout prix, mais dont on appréciera la mélancolique mélodie et la poésie des mots. Des mots intemporels, qui nous plongent hors de notre époque, comme pour mieux retrouver l’essence de la vie. Des mots qui évoquent une nature où tout prend sa source : roseaux, étang, colline, herbe, pierres, poisson, goélands, écorce… Qui invoquent les éléments : la lumière, l’eau, le vent, la nuit… Qui nous entraînent au loin, dans un songe éthéré, au bord des contreforts où gisent en secret les beaux cavaliers, avec la caresse du vent comme un chant, là où le temps glisse sur son manteau comme sur le lisse galet…
Les musiques sont à l’unisson, empreintes de sérénité, tissant délicatement leur atmosphère ouatée, leur douceur feutrée, que vient parfois troubler un accès de frénésie. La guitare y est omniprésente, soulignée par une batterie discrète, un violon complice, un piano lancinant. Du travail d’orfèvre, qui va à l’essentiel. L’écrin idéal et vibrant.
Mayerling n’est certes pas le genre d’album que l’on diffuse dans une soirée entre amis, histoire de détendre l’atmosphère. C’est un disque discret, qu’on écoute en tête à tête, quand la nuit tombe et que monte le besoin de se retrouver, de se ressourcer, de s’abandonner. Un disque comme Bashung a pu en faire. La boucle est bouclée.
Xavier Plumas, Mayerling, La Lézarde/L’Autre Distribution, 2018. Le facebook de Xavier Plumas, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a dit de Tue Loup, c’est là.
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