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Laurent Berger, le chanteur sans refrains

Laurent Berger et Michel Sanlaville (photos Michel Kemper)

Laurent Berger et Michel Sanlaville sur la scène lyonnaise (photos Michel Kemper)

« Je m’appelle fantaisie / Je suis née d’une envie / D’un péché d’un plaisir / De le loi du désir / De la chaleur des pores / Quand elle s’évapore / Et forme des mirages… » Les chansons de Laurent Berger ne sont que longs couplets, qui s’écoutent d’une traite, dans le prolongement d’un mot, d’une idée, sans refrains sur lesquels nous puissions rebondir, sans que nous puissions les accompagner. Difficile de les reprendre. Pour enfin trouver le plaisir d’un public qui chante avec lui, l’artiste fait parfois appel au complice Brassens : « Une jolie fleur dans une peau d’vache / Une jolie vache déguisée en fleur… » Même dans sa tête, dans sa barbe, on chante alors de concert, comme un troupeau suit son Berger.

Brassens encore, avec Le sceptique. Et Brel, avec Le diable. Deux ombres tutélaires qu’aime à appeler, à rappeler Berger. Son art y puise sa source.

Laurent Berger, donc, dans une nouvelle formule, avec la compagnie de Michel Sanlaville, à la contrebasse. Rien que la formule rappelle, il va sans dire, sans l’écrire aussi (trop tard, c’est fait), le chanteur à la pipe. Autre nouveauté, le micro HF, qui lui donne une liberté, des mouvements, une déambulation qu’il n’avait pas. Il va d’une corde l’autre, sur le fil de son humeurs, fildefériste de l’émotion et plus que jamais complice de son musicien. D’un vers l’autre, ivresse inclue. « Tiens, tu n’as pas fini ton vers / Cela ne te ressemble pas / D’habitude tu laisses ça / Aux indécis aux gens de brume / Ceux qui se noient dans l’encrier… » Des vers en verres, il y en a dans les chansons de Dimey, à la librairie du Pas pressé aussi, là dans une interprétation surprenante, dite, pas chantée.

berger sanlaville nov 2018 - 2 michel kemperBerger est, plus que pas mal de ses collègues de chanson, la personnification de la pure poésie. Lui navigue sur des océans de rimes. Même quand les mots charrient des chimères, quand les amours se muent en d’anonymes océans. Mêmes quand ses chants se font murmures. Et que les culs qu’il offrent à sa commode qui malgré tout reste de bois se risquent aux échardes.

Les vers de Laurent Berger nous bercent et chacun de ses concerts est un voyage : comment voulez-vous qu’il soit interrompu par des refrains qui seraient autant de convenues car rituelles étapes ?

Ce soir-là, c’était dans un centre culturel lyonnais, la salle de l’Union Artistique et Intellectuelle des Cheminots de Lyon. Mais l’idée de l’éducation populaire se perd quelque peu et les cheminots étaient bien absents. Dommage pour ce chanteur qui, par certains aspects, n’est pas loin de faire songer aux chemineaux tels qu’ont pu l’être en leurs temps Villon et Couté, poètes crottés en plein dans le mille de la vie.

 

Le site de Laurent Berger, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est làImage de prévisualisation YouTube

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