Johnny, un disque en forme d’hostie
Nuit de merde pour David et Laura, à cauchemarder, se déshériter et sans cesse se retourner dans leurs lits pendant que les fans du paternel faisaient la queue-leu-leu devant les grandes enseignes du disque ouvertes dès potron-minet. Même la Fnac, qui avait remisé ses aspirateurs et machines à café pour faire place à l’ultime opus du boss, c’est dire l’événement.
D’ici une centaine d’années, si au rythme où vont les choses le monde existe encore, les historiens et sociologues se pencheront avec curiosité et enthousiasme sur cette période où le peuple hexagonal s’est trouvé à communier de concert dans la seule et vraie valeur commune qui soit : Johnny Hallyday. Rappelez-vous, ce jour-là, un vendredi 19 octobre : dès l’aube, à l’unisson des chefs de rayon de disques, les journalistes de BFM-tv se posaient la seule question qui prévalait alors : y aura-t-il assez des 800 000 exemplaires mis en vente ou va-t-il falloir d’urgence en presser d’autres ? Et combien d’intérimaires Amazon va-t-il encore sous-payer pour livrer dans les temps les fans de l’idole ?
De son exil funéraire de Saint-Barthélemy, le dieu du stade de France prouve encore sans mal son écrasante supériorité sur la concurrence : à n’en pas douter, la prochaine Victoire du disque lui est promise, à titre costume. Aznavour peut toujours aller se faire voir chez les Arméniens…
Pourquoi se ruer sur Mon pays c’est l’amour ? Par amour de son pays, pour déduction fiscale, pour gaver Jade et Joy et les protéger du besoin, pour l’art ? Non, parce que ! Parce que c’est Johnny, ny ! Parce que si tu n’comprends pas, tu comprendras jamais. Johnny est au-delà de tout : c’est le ying et le yang, l’alpha et l’omega, le charnel et le spirituel. Il est la flamme, l’incandescence, le réchauffement climatique à lui tout seul, preuve qu’Hulot n’avait rien compris : le culot c’est Johnny !
Qu’il soit dit en passant que les critiques de disques prouvent en ce jour leur totale inutilité : car on ne chronique pas l’album d’un dieu, qui plus est trépassé, on ne porte pas de jugement sur un disque qui ressemble tant à une hostie (pain béni pour Warner). Oui, cet album est un peu du corps de Johnny, qu’on écoutera chaque jour avant de se signer, de se soigner.
Vous je sais pas, mais David et Laura vont encore passer une sale journée.
Johnny Hallyday, Mon pays c’est l’amour, Warner 2018. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Johnny, c’est ici.
Je proteste : le seul Boss, c’est Springsteen. Faut que tu trouves un autre surnom d’urgence. Au boulot !
J’apprécie tout le cynisme de ton article, Michel. Tu devines que j’ai acheté cet ultime disque et je ne t’expliquerai toute l’émotion que son écoute peut me faire… Comme tu dis, parce que c’est Johnny. C’est un truc qui ne s’explique pas. Le truc de toute une vie.
J’ai voulu aller au pays de l’amour mais je n’avais pas de passeport !!! C’est fâcheux ! Ha ha ha…
Bravo pour cet article courageux,
Sinon, sur la pochette, Jojo ressemble beaucoup à Bukowski, et je crains que ça ne s’aggrave (dans le vinyle) au fil du temps !
Excellent article… J’avais mis sarcastiquement comme statut FB ce petit message il y a quelques minutes :
« Je l’ai! !!!!!!!!
J’ai pris l’édition ultime.
5 CDs, 3 DVDs, 8 Blue-rays, 12 vinyles, une serviette imbibée de transpiration, 17 poils de zgeg (je vais les recompter) et la possibilité d’une rencontre avec Johnny si je m’inscris sur Internet (contre 999€99 de plus).
Le tout, bien sûr, dédicacé (l’encre est encore fraîche).
Bon, j’ai vendu ma maison et déshérité mes filles, mais c’est Johnny comme même. »
Le seul Boss, c’est Springsteen, c’est clair ! Mais Johnny reste et restera Johnny, inimitable et dans le coeur de beaucoup de français.
Le patron ? Le taulier ?
Eh oui, les syndicats ne font plus recette, le peuple ne descend plus dans la rue; seul, Johnny est plus fort que la crise.
Je suis assez d’accord sur le fait que Johnny, c’est l’indétronable, la star des stars, mais honnêtement, cet album qui bénéficie d’une promotion et d’une distribution impressionnante est vraiment mauvais ! Après chacun se fera son idée sur ce disque…
En Québécois, on peut changer la phrase : Un hostie d’disque de Johnny pas en forme.
Johnny était beau, Johnny avait de la voix, Johnny était une bête de scène, c’est vrai, je l’ai vu. Johnny a vendu des millions de disques et a connu une extraordinaire longévité. Johnny est aimé des Français (et des Belges). Johnny a su surfer sur les modes et les époques et a vécu comme il voulait, ça ne nous regarde pas. Un jour viendra malgré tout où il faudra bien faire le bilan artistique de sa discographie. Et reconnaître qu’il y a 20% de sa production qui est d’un excellent niveau. Ce qu’on ne peut pas dire de Springsteen ni de Prince ni de Michael Jackson ni de Jerry Lee Lewis ni des Beatles ni des Rolling Stones ni de Chuck Berry ni de Fats Domino ni de Carl Perkins: chez eux tout est bon. Chez Elvis Presley en revanche on trouve à peu près la même proportion de titres sublimes et d’autres proprement inaudibles.
J’adore l’article, et l’hostie, ben, de mémoire, c’est très bon… pffff… le boss c’est peut-être Johnny ou Springsteen, mais le super boss : c’est surtout Mick Jagger !!!