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Gaëtan Roussel, trafiquant de plaisir

zoom-traficTroisième album solo pour Gaëtan Roussel. Son premier disque en 2010, Ginger, avait été couronné de succès, tant public (un joli tube avec Help Myself) qu’artistique (Victoire de la musique du meilleur album rock). Le suivant en 2013, Orpailleur, avait déconcerté, plus électro et expérimental dans la (dé)construction des chansons. Son nouveau disque le remettra-t-il en tête des charts ?

Trafic – c’est le nom de l’opus – a en tous cas pas mal d’atouts pour y parvenir. Enregistré à Los Angeles, coréalisé par le suédois Jonas Myrin, le français Antoine Gaillet et l’australien Justin Stanley (dont la besace de collaborations contient les noms de Beck, Prince ou Eric Clapton…), ce disque cosmopolite a vocation à l’universel. A la recherche de la chanson pop parfaite, celle qui fait danser, celle qui rend léger, celle qui donne la pêche, Gaëtan Roussel a pu donner libre cours à ses talents de mélodiste hors pair. Les 11 chansons qui composent le disque sont toutes – ou peu s’en faut – des tubes potentiels, tant elles frappent l’oreille par leur efficacité et leur immédiateté. Entêtantes, elles en deviennent vite addictives, poussant l’auditeur à presser la touche replay dès les dernières notes écoulées.

Contrecoup : si, prise séparément, chaque chanson s’avère imparable, l’ensemble des titres écoutés à la suite l’un de l’autre pourra fatiguer l’auditeur, par la répétition de certains gimmicks, si caractéristiques du chanteur de Louise Attaque : chansons mêlant anglais et français, chœurs omniprésents, construction selon le schéma classique couplet-refrain, voix sous-mixée en écho de la voix principale… Peu de répit dans ces hymnes implacables, hormis le beau duo avec Vanessa Paradis, Tu me manques (pourtant tu es là), où les guitares et les programmations laissent la place à des cordes délicatement arrangées par Romain Humeau, et la plus calme N’être personne. Illustration de l’adage « Le mieux est l’ennemi du bien » ?

Les paroles sont à l’image des musiques : simples et accrocheuses. Le schéma de Gaëtan Roussel est connu : un couplet court, qui sera répété quasi tel quel une seconde fois. Par exemple : Il faut toujours quémander / Et là, c’est qui qui commande ?, qui devient au 2ème couplet Il faut toujours commander / Et là, c’est qui qui quémande ? Mais entre les deux, un refrain impeccable, une punchline qui joue parfaitement son rôle fédérateur. La force de la musique anglo-saxonne appliquée à la chanson française. La forme et le son y ont plus d’importance que le fond (pas toujours très clair, par ailleurs). Les mots épousent parfaitement le rythme, en deviennent indissociables et se chantent sans même y prendre garde.

Trafic est un disque séduisant. Certes, les esprits chagrins lui reprocheront sa légèreté assumée, son désir de plaire au grand nombre ou le son sur-produit un peu usant. Les tenants d’une chanson plaisante et accessible (sans être facile pour autant) seront par contre bien avisés d’y jeter une oreille. Mais qu’ils se méfient : l’écouter, c’est l’adopter.

 

Gaëtan Roussel, Trafic, Universal, 2018. Le site de Gaëtan Roussel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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2 Réponses à Gaëtan Roussel, trafiquant de plaisir

  1. Pierre 19 octobre 2018 à 14 h 50 min

    Merci Pol pour cette chronique, qui me donne vraiment envie d’aller découvrir ! Amitiés, Pierre

    Répondre
  2. Catherine Laugier 29 octobre 2018 à 12 h 18 min

    J’aime bien aussi Le jour et la nuit, J’entends des voix, Début, ou La question, bien qu’elle alterne justes interrogations et chœurs « surproduits », sur-battus aussi.
    Les jolis mots de Ne tombe pas : « Il faut toujours quémander… » sont de Clarisse Fieurgant, chanson très réussie et très Gaëtan Roussel bien qu’elle ne soit pas de lui, ni texte ni musique…

    Caché sous le rythme pop, il pose des questions existentielles…Mais le problème est peut-être là, qu’on se contente de danser sur ses chansons sans en chercher le sens (très significatif sur Hope, qui traite de la maladie d’Alzheimer)

    Mais oui, ce disque est addictif ! Sans doute plus encore en concert…

    Répondre

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