Christopher Murray, le clip et les claps
22 septembre 2018, Théatre Métarmorphosis, Saint-Etienne,
La chanson a tellement déserté Saint-Etienne qu’il faut bien de l’imagination pour lui trouver une scène, deux trois planches où elle puisse de temps à autre se poser. Hier c’était Toulis et Volt à La Ricane, un café-théâtre dévolu à l’humour ; là, ce soir, au théâtre Métamorphosis, chez des illusionnistes, prestidigitateurs et gens du cirque, dans un lieu improbable et soyeux, qui tient tant de la salle de cabaret que du musée. Une salle étonnante et confortable, « lieu d’échange et de partage, de découverte », pour une soirée un peu particulière. Car le prétexte, s’il en fallait vraiment, est la sortie d’un clip, le premier d’une chanson de Christopher Murray. Et puisque les spectateurs sont convoqués et bien présents, un concert s’ensuit.
Le lieu est inspirant et on prend grand soin à bien y faire les choses. Sur scène, les principaux protagonistes du clip sont là. Murray bien sûr, même si de tous il en a fait le moins, sinon un rôle de figuration, avec son complice Gonnet. Et, soyons juste, toute l’intendance, ce qui n’est pas rien. Et la chanson ! Sur scène, donc, le réalisateur Fred Giroudon et la chanteuse et comédienne Tamara Dannreuther. Un débat, animé par Dany Benedito, pour tenter de comprendre le pourquoi et le comment de la transposition d’une chanson en un film, fut-il court. Pas n’importe lequel, puisque c’est la première fois pour Murray : Toc-toc à ma porte. Un clip bissé tant il est vrai qu’il est séduisant… Ce clip mérite des claps.
Puis le récital, Ton campement dans ma tête, avec la complicité sans égal de François Gonnet : leurs jeux de guitare et les regards échangés sont entre eux subtils ravissements. L’assemblée est ou un public d’amis ou un de fins connaisseurs, souvent les deux à la fois. Christopher Murray n’est pas un inconnu pour les lecteurs les plus fidèles de NosEnchanteurs. Il est pour moi qui plus est un presque voisin. Et un ami. Un bel acteur de la chanson, qui n’est pas que chanteur, mais enseignant, compositeur et artisan de tas de projets d’éducation populaire sur la chanson. Pas mal d’albums déjà à son actif, mais c’est ici son dernier qu’il vient défendre : un répertoire finement ciselé autour de l’amour, fait de chansons nourries d’envies, de regrets, de douce nostalgie : « Je suis suspendu à tes lèvres / Je suis accroché à ta sève / Je suis prisonnier de tes branches / Entravé à tes hanches / Je suis perdu dans tes cheveux / Je suis poudre et cendre à tes yeux… » Où on sent parfois derrières les vers l’influence de grands aînés, références comme révérences : Villon, Brassens… Les chansons de cet album, et quelques autres pour le plaisir de les retrouver. Cette Rue Désiré où Murray résida il y a longtemps : nous sommes justement dans ce quartier, la rue est à deux pas. Mon autre pays, rien que pour le plaisir (et le nôtre) de l’interpréter en duo avec Tamara Dannreuther. Et une chanson de Gil Chovet, une autre de Jean Andersson, une autre encore d’Allain Leprest. Au final, le Toc-toc à ma porte, cette fois-ci en « vrai », forcément plus encore applaudi.
Une scène faite de rouge et de noir, théâtre toute une soirée de sentiments, d’émotions. D’amour et d’amitié. Belle soirée, bel artiste, forcément.
Le site de Christopher Murray, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Christopher Murray, c’est là.
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