Nathalie Lillo… Ce qui me lie à Nathalie
Quand je songe, rêveur, à la chanson, celle qui tente d’exister malgré le poids de l’industrie musicale et de sa modélisation, je ne peux m’empêcher de penser au compagnon- nage, à cette aventure humaine tout à la fois individuelle et collective, empreinte de passion. Cette passion, cet amour de la chanson c’est cela qui me lie à Nathalie, comme à tant d’autres compagnons.
Sur les sentiers buissonniers, entre festivals et concerts, j’ai maintes fois croisé le chemin de Nathalie. Elle est de ceux et celles qui font vivre la chanson, chacun à leur manière, spectateurs assidus et attentifs, soutiens des artistes, associations prenant tous les risques dans l’accueil de spectacles. Pour les plus passionnés d’entre eux, la tentation est vive de se mettre soi-même à l’ouvrage, de franchir l’obstacle qui sépare la salle de la scène, de creuser son propre sillon, d’ouvrir une brèche vers l’autre côté, de se fondre enfin dans la chanson.
Voilà « la brèche » ouverte mais, pour cela, il aura fallu se forger des outils, près de 20 ans d’apprentissage, de concours en ateliers d’écriture et de multiples maîtres. Nathalie Lillo a fait ses armes à Astafort sous la houlette de Cabrel, à la Manufacture Chanson, auprès de Chantal Grimm, Christian Camerlynck, Rémo Gary, Allain Leprest et Anne Sylvestre entre autres. Quoi d’étonnant alors que ses chansons soient imprégnées de toutes ces richesses, ces influences. Rien pourtant ne laisse penser à une quelconque copie, il se crée ici une alchimie personnelle, une chanson authentique.
Nathalie c’est une voix claire, douce, parfois fragile, un phrasé entre chant et parole, légèreté et gravité, nostalgie et indignation, une écriture finement ciselée au fil du temps, du travail, des partages. Le disque s’ouvre par de nombreux regards plein d’humanité sur le monde en crise: sort des migrants avec A Calais, comptine tragique, tristesse de l’exil (Amalou), femmes debout et résistantes dans C’est un désert, mémoire vive de tranchées encore béantes (Craonne).
Quand la mémoire rime avec mélancolie, il reste quelques pages d’histoire, quelques souvenirs: ceux des jardins ouvriers aujourd’hui arides (Rodomargue oeillet), d’un Limonaire dorénavant muet dont la route s’est finie Cité Bergère, d’un passé sombre qui ressurgit, de pastilles Vichy « au fond de mes poches« . La sensualité, le désir sont bien sur au rendez-vous (Sous ton pull-over, Monsieur), la pure émotion (Grand-Mère) ainsi que les clins d’œil malicieux (On est des filles). Le disque se referme sur une rencontre fraternelle à Marigot Bay (Boyopoule Boyopoule), chanson dédiée à Jacques Higelin ainsi que l’ensemble de l’album.
Si tous les textes, fort bien écrits d’ailleurs, sont de la main de Nathalie Lillo, la mise en musique est encore ici question de partage, avec une belle moisson de compositrices et compositeurs (Chantal Grimm, Samuel Péronnet, Christopher Murray, Eric Moulin, Tamara Dannreuther, Véronique Duvelle, Sébastien Ménard, Christophe Andréani, Francis Debieuvre, Murat Ozturk, Quentin Martel, Damien Tesson, Lolo Dussout, Flavia Perez) ainsi que d’accompagnateurs: Erwann Hervé (guitare), Victor Ibanez (ubass, contrebasse), Riton Palanque (accordéon, percussions, scie musicale).
Aventure artistique, humaine et collective, cet album est un joli message adressé à tous ceux qui ont déjà croisé la route de Nathalie et une occasion pour d’autres de découvrir une personnalité attachante et généreuse. Un premier opus plein d’espoir ouvert sur l’avenir.
Le site de Nathalie Lillo c’est ici ; pour écouter, c’est là.
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