Toulis fait Volt face
Eric Toulis et Lou Volt, « Un gars et une fille », 21 septembre 2018 à La Ricane, café-théâtre, Saint-Etienne,
Nous avions quitté Lou Volt et Eric Toulis, l’une dans son spectacle présenté à Avignon, l’autre au sein des Escrocs, entre Avignon et Barjac.
Les voici tout deux, unis en un récital équitable (une chanson l’une, une chanson l’autre) puisé dans le répertoire de chacun des deux : Le diner aux chandelles, La teuf à la touf’, Botox blues, Cinq minutes douche comprise… pour Lou, l’ex du Grand Orchestre du Splendid ; Chromosome breton, Le célibataire, Le blues du trompettiste, Gare aux morilles… pour Toulis, un des trois Pieds Nickelés des Escrocs, qui exhume parfois quelques vieux titres de derrière les fagots, des inoxydables, inaltérables.
En fait le spectacle idéal pour un tel et si agréable lieu où on pratique l’humour extensif, où on le convoque chaque jour ou presque, dont les fidèles se pressent non forcément pour la chanson mais pour y chercher le rire. Car Volt et Toulis c’est de la chanson, oui, mais encore… C’est du café-théâtre allié au chansonnier. De la bonne humeur qui prédomine et chacun des deux qui fait qui le beau, qui la belle, sollicitant le rire, en recevant des tonnes en retour.
Aux galipettes présidentielles de Cinq minutes douche comprise, qui, de Giscard à Sarkozy, voyait défiler dans son pieu tous les présidents (c’est Volt qui chante, Lou qui hurle), Toulis (c’est lui le délicat auteur) a greffé depuis l’ancien président au scooter et le nouveau, le gamin, que sa maman Brigitte vient chercher dans la salle de bains. Désopilant et bien dans l’esprit de ces chansonniers des Deux ânes et d’ailleurs qui font des chansons satiriques sur l’actualité et la politique.
Car « Tout le monde donne son avis / Alors moi j’le donne aussi / On va tous mourir / Mais grâce à la télé / Vous s’rez les premiers à l’savoir ». Des avis sur tout, surtout. Sur les grivoiseries d’antan comparées aux gesticulations d’aujourd’hui, sur les maladies sexuellement transmissibles (« Faut pas confondre copulation et ramassage de champignons »), sur le sort des trompettistes de jazz, sur la lutte des classes (« Moi j’aimais le Kronenbourg, toi les palaces ») ou la chirurgie esthétique… Sur aussi le bikini de feu Dalida ici remplacé par le burkini et l’emballement médiatique que cette tenue suscita : « Pendant ce temps passait la 49.3 » Et toc !
C’est drôle, brillant. Si Toulis vire Volt, il ne la congédie pas. Bien au contraire elle revient par le soupirail, en figurante de ses chansons. Lui fera de même, jouant les utilités au sein (généreux) des vers de la dame. Spectacle tout neuf, pas encore bien rodé, perfectible donc. Du « réduit aux acquêts » en dit Volt, suggérant que si l’un des deux se plante, l’autre n’en souffre pas. Volt, dont la force électromotrice à le même différentiel que Toulis, capable de soulever une salle, de provoquer une déferlante de rire. Les deux ne s’en privent pas.
Ça se joue encore ce soir samedi 22 septembre à La Ricane, 7 rue Camille-Pelletan à Saint-Etienne. 06 44 11 28 42
Le site de Lou Volt, c’est ici ; celui d’Eric Toulis, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Lou Volt, c’est là ; et d’Eric Toulis (avec ou sans ses Escrocs) c’est ici.
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