Namur 2018. Chaton, chanteur aux pattes de velours
Les Solidarités, Namur, 26 août 2018.
Place à l’artiste le plus original de ces Solidarités 2018. Rien que le nom, déjà : Chaton. Nommé ainsi pour une raison toute simple : c’est le surnom que lui donne son entourage ! Point noir : un tel patronyme entraîne le risque de ne pas être pris au sérieux. Ce en quoi on aurait bien tort.
Un look tenant à la fois du chanteur de métal et du reggaeman (dieu quelle tignasse !). Au service de chansons électro-pop mélancoliques, que Chaton – auteur-compositeur-producteur-homme à tout faire de son projet – interprète seul. Sur scène, pas d’instruments, juste deux machines posées sur une table, de chaque côté du plateau. Des boites à rythmes-synthés, avec les musiques en partie préenregistrées. Le chanteur les manipulera durant tout le concert, passant sans arrêt de l’une à l’autre d’une allure féline et dansante. Particularité : alors que l’Auto-Tune (un programme correcteur de voix qui permet de faire passer une casserole pour le nouveau Caruso) est tellement décrié, lui s’en sert d’un bout à l’autre du concert, déformant sa voix pour lui donner la tonalité de ses envies, se servant de celle-ci comme d’un instrument à part entière.
Il faut dire que Chaton, après avoir beaucoup travaillé dans l’ombre du show-biz, a décidé de se lancer dans l’aventure en solo sans se soucier de l’avis des autres. Ce qu’il fera désormais lui appartiendra. Cela donne des chansons intimes et autobiographiques, longues et denses litanies difficilement compréhensibles à la première écoute, qu’il chante avec un phrasé proche du rap.
Sur scène, ces chansons nous sont offertes avec une émotion à fleur de peau. Plongé dans son monde musical, Chaton semble encore étonné d’être là, d’être le chanteur, celui qu’on est venu écouter. Nounours souriant ébahi de plaire, encore en train de digérer le fait d’avoir choisi d’écrire pour lui et de se livrer à nous. Spontanément sympathique. Reprenant respectueusement, sans l’ombre d’un second degré moqueur, le Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion. Touchant de simplicité.
Le public aura été sensible à cette sincérité. De réservé au départ, il s’est petit à petit passionné pour cet artiste singulier, passant des applaudissements polis du début à une véritable ovation finale.
Au moment de quitter la scène, Chaton s’est vu offrir des organisateurs du festival un panier gourmand chargé de spécialités namuroises. Il faut dire que son anniversaire tombait le lendemain. Très ému, l’artiste a déclaré « Il n’y a qu’en Belgique qu’on a de pareilles attentions ». Pourtant, le plus beau cadeau, c’est lui qui nous l’a offert.
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