Jean-Marie Quiesse : femmes de proue
« Le grand jeu, c’est la mer, et d’autres rivages viendront encore… » Entre la mer et Jean-Marie Quiesse, c’est histoire d’amour, la chose est entendue. Tant que son site fait tellement place à l’actualité de le mer et de la chanson de mer (poésie, cinéma, chanson, images, festivals, etc) qu’on un peu de mal à trouver ce qui nous parle de lui, le chanteur. Quelques dates font échos en nous, telle cette année 1967 où il rencontre Luc Bérimont et est invité à se produire à la télé dans « La fine fleur de la chanson française ». La même année, Quiesse prend la direction artistique du Virgule, cabaret caennais implanté dans les caves du foyer Robert-Rême. Quelques années après on le retrouve en Bretagne où se nouent pas mal d’amitiés. Puis une très longue parenthèse qui le verra partir pour les Antilles. De La Réunion, il conçoit nombre de spectacles. Et les chants de marins grandissent en lui.
« Où sont les filles aux belles dents / qui l’amour par les chants retiennent ? / Et mes chansons ? Qu’il l’en souvienne ! » (Max Jacob). Voici un album où Jean-Marie Quiesse rassemble à lui nombre de femmes, de muses, de sirènes. Plutôt l’écho de leur prénom, parfois le simple nom d’un bateau, fut-il féminin, peu ou proue : parfois cela suffit pour stimuler l’imagination du marin, l’accompagner dans ses voyages au long cours. Naviguer sur la belle Aglaë, être saleur sur la Murielle ; se griser dans un bar d’Adélaïde, se souvenir de Fanny de Recouvrance, aller au bal d’Hortense… Que d’émotions, de souvenirs… Avec un grand et prestigieux choix de paroliers : Jacques Debronckart, Robert Desnos, Max Jacob, Louis Aragon, Pierre Mac Orlan, Jean-Roger Caussimon, Paul Barrault… Et deux titres de Quiesse lui-même, qui ne déparent pas. Seize titres pour un album cohérent, passionnant. Fait d’ambiances, de bistrots sur les ports, de regrets.
Il n’est pas besoin d’être grand amateur de chanson de marins pour apprécier un tel album : il faut simplement aimer la chanson. Et se laisser transporter, d’un port à l’autre, au gré des plages de ce disque. Un chanteur et deux musiciens peuvent vous faire faire le tour du monde le temps d’un disque et faire venir à vous les plus beaux souvenirs féminins, « des tout’ p’tits yeux tout bleu qui brillent / le jupon, les yeux bleus / les yeux bleus, sacrebleu, tout est bleu » (Paul Barrault)… Ici la pêche est bonne, la chair succulente.
Jean-Marie Quiesse, Rumeurs des docks – Prénoms de femmes, autoproduit. Le site de Jean-Marie Quiesse, c’est ici.
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