Faby Perier : le dernier album, en attendant les autres
C’est déjà l’une des plus belles pochettes de disque qui soit : magnifique photo signée Izabela Sawicka d’une femme qui offre sa nudité aux éléments. Corps nu, crane nu : le crabe est déjà sur l’image.
À propos d’elle, nous aimerions ne parler que d’une chanteuse, qui plus est intéressante, attachante, à l’occasion de la sortie de son nouvel album, La renverse. Son cinquième. Événement raisonnable dans la carrière d’une artiste, sur lequel nous poserions un avis, une recommandation à l’adresse de nos lecteurs, une envie de partager comme nous le faisons souvent.
Mais il se peut que Faby Perier soit, sinon plus, au moins autant connue pour sa maladie (à force de faire sa rencontre, trois fois déjà, elle ne peut qu’être native du cancer) et son admirable combat contre ce crabe qui la bouffe intérieurement, que pour son art. Il nous faut cependant ne pas oublier que Faby Perier est d’abord et avant tout une artiste, une chanteuse qui mérite de son art, qui mériterait ample audience.
Parfois la vie s’acharne plus que de raison : des tout débuts à maintenant, la vie de Faby est un roman jonché de coups durs. Certains en tireraient un mélo ; elle, en fait un combat quotidien, sans doute avec ses hauts et ses bas, répits et dépits, espoirs et désespoirs : c’est dur d’être toujours une femme forte, exemplaire, en tous cas de le paraître. Elle est chanteuse et en nourrit ses chansons, pas de celles larmoyantes qui ne correspondant pas à son caractère, mais de celles qui frontalement portent cette lutte au public : « encore combien de coups pour briser les tabous ? ». « Les portes claquent / Les mots qui frappent / Ton amour est tabou / Et ton corps à genoux ».
Nous sommes dans une chanson bien construite, bien musiquée, qui pourrait sans mal séduire le grand public, tentée qu’elle est par une « variété » digne et soyeuse, efficace et avenante. Qui n’enlève en rien, bien au contraire au propos dont les rimes bien souvent sont sombres : « Un p’tit matin du mois d’avril / Les heures n’avaient plus aucun sens / Ce fut le début de mon exil / Après avoir eu la sentence / Dur de regarder, dans la glace / Ce corps qui venait de me trahir / L’ennemi avait pris sa place / Je n’avais qu’une envie, m’enfuir ». Tremblement de terre, tremblements de tête, ce disque pourra vous secouer plus que d’accoutumée. Pour le message, oui ; pour le talent, surtout. Pour avoir trouvé les mots et le son pour le dire, pour « tout le poids de la honte et ton corps qui raconte », pour cette « peau (…) en sursis pour je ne sais quel délit », qui le chante. Et, même si le terme ne convient pas vraiment, nous enchante.
Ceci pour vous dire que, certes, vous pouvez acheter ce disque par compassion, certes. Reste que c’est par adhésion artistique que vous le repasserez souvent sur votre platine, play et replay. Parce que c’est un beau disque, au son impeccable (enregistré au Studio Unreal World de Deuil-la-Barre, réalisé par Vincent-Marie Bouvot, mixé par David Cook) : sept titres seulement mais qui vont à l’essentiel dans un art abouti, un vrai plaisir d’écoute.
Faby Perier, La Renverse. Autoproduit/Abbey Road Studios/Skin 2018. Le site de Faby Perier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Tres bel article tout est dit…son album extra renversent….