Barjac 2018. Les rencontres de onze H moins onze, les états de la chanson, ou la chanson dans tous ses états…
Sauvé dans Festivals, François Bellart, L'Équipe
Tags: Alain Sourigues, Barjac 2018, Contrebrassens, Dany Lapointe, David Desreumaux, Eric Frasiak, Garance, Jean Mouchès, Jean-Claude Falet, Marie-Paule Belle, Michel Kemper, Nouvelles, Pascal Chauvet, Pascal Pistone, Pauline Dupuy, Presque Oui, Thibaud Defever
Bien belle initiative que ces échanges quotidiens sur la chanson dans la salle Trintignant, avec les artistes de la veille et des personnalités invitées, animés en alternance par Michel Kemper et David Desreumaux. Les paroles des uns et des autres foisonnent et il est bien malaisé d’en rendre compte sans en oublier. Je prends le risque de la synthèse, en laissant de côté beaucoup de choses intéressantes, mais en focalisant sur les trois idées fortes qui se sont dégagées de ces cinq jours de débats : la création de la chanson, sa diffusion sur la scène de Barjac et sa place dans le monde culturel et dans l’exposition publique.
La confrontation des réponses de tous les artistes montre que les processus de création des chansons sont personnels et aussi variés que possible. Marie-Paule Belle insiste sur la connivence entre les auteurs des textes et de la musique, le travail en commun, la composition de la musique en même temps que l’écriture, et Thibaud Defever n’est pas loin de cette méthode avec sa parolière, tandis que pour Amélie Les Crayons, le temps d’écriture est court et violent. Jean Mouchès et Alain Sourigues expliquent comment ils ont élaboré leur spectacle de l’Atelier de réparation de chansons par ajouts successifs dans le cadre d’une idée de départ. Quelque soit la démarche, le propos est parfois surprenant, toujours passionnant.
Alors, comment qualifier la prestation sur la scène de Barjac ? Les vieux routiers comme Eric Frasiak ou Thibaud Defever sont moins émus par l’ambiance et le public que les plus tendres comme Garance ou Pauline Dupuy. Tous sont quand même impressionnés, et tous ont le souci de ce que reçoivent les spectateurs du dernier rang. Marie-Paule Belle insiste sur la complicité avec le preneur de son et sur la finesse de son micro qui permet de passer du chuchotement à l’envolée. Tous ne sont donc pas inconditionnels des microphones-casques sans fil, indispensables dans certains cas (Contrebrassens), mais plus difficiles à régler et qui ont leurs faiblesses. Mais pour tous, Barjac est une belle aventure et quasiment un passage obligé dans une trajectoire de chanson.
Les débats furent beaucoup plus animés quand furent abordé les problèmes de diffusion de la chanson, qui ne doit pas se dissoudre dans le fourre-tout des « musiques actuelles ». Les apports d’intervenants extérieurs furent précieux. Ainsi Dany Lapointe et Pascal Chauvet ont exposé leur initiative de créer le Réseau Chanson Occitanie, pour mutualiser les informations, créer des rapprochements entre artistes, voire proposer des aides pour leurs démarches de recherches de lieux ou servir de relais pour leurs programmations. Jean-Claude Falet a expliqué comment il intégrait la chanson au théâtre lors de la mise en scène d’un spectacle « Boby-Lapointe » au Printemps de Bourges. Pascal Pistone a détaillé les tenants et aboutissants de la formation qu’il anime à l’université de Bordeaux, au cours de laquelle les étudiants reçoivent une formation à plusieurs disciplines qui intéressent la chanson, par exemple l’accompagnement piano, les différents styles de musiques, l’écriture et toutes les compétences techniques qu’il faut maîtriser pour faire carrière – à quelque place que ce soit – dans le milieu de la chanson. La salle a aussi participé au débat en rapportant des expériences diverses dont l’objectif commun était d’attirer et de renouveler le public-chanson. Le rôle des associations, des journalistes, des subventions et des bénévoles a aussi été largement évoqué.
Au-delà des professionnels, ces débats ont intéresse les curieux du public de Barjac (et ils sont nombreux !) et ont surtout permis la diffusion d’informations utiles à tous. Ce fut une étape importante dans le petit marathon de la journée bien remplie d’un festivalier !
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