Barjac 2018. Amélie les crayons, qui entre en danse
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals
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Amélie les crayons, 1er août 2018, espace Jean-Ferrat à Barjac
En fait, ce n’est pas le « compte-rendu » (je n’aime pas ce mot, oh là non !) de Barjac. Mais celui d’un concert parisien qui remonte à janvier dernier. Ce fut le même spectacle, à la chanson près, au pas de danse près. Mais, pour des tas de raisons, de paramètres, aucun spectacle ne ressemble à l’autre. Là, c’était à Barjac et c’est forcément différent, l’attente n’est pas forcément la même. Il y a longtemps qu’on l’attendait, là, sur cette scène du château : c’en est même étonnant, stupéfiant, qu’elle n’ait jamais été programmée ici. Pour un peu on parlerait de faute. Faute de goût, ça c’est sûr. Chose à présent réparée. Amélie rêvait de faire danser Barjac, c’est chose faite et bien faite. Ce fut, sinon un des grands, au moins un des plus jolis moments de ce festival entre tous enchanteurs. Merci Amélie ! MK
Comment vous dire au plus juste Amélie les crayons ? Oh, j’ai bien ma petite idée… C’est d’abord un spectacle qui ne débute pas, qui simplement s’insinue au détour une intervention, d’Amélie, pour faire exercices physiques et relaxation de groupe. Le groupe, c’est ce public devant elle, salle pleine. Ni vu ni connu j’t’embrouille et c’est ainsi que naît la première chanson qui déjà fait soleil, même en ce jour moche et pluvieux de janvier : Y’a plus d’saison… Mais j’dis ça, j’dis rien. Dès le début, nos trois amis (Amélie déjà nommée, Quentin Allemand et Olivier Longre), envoient du bois et frappent dessus de leurs chaussures : il a un plancher sur le plancher de la scène, non pour s’y essuyer mais s’essayer, rythmer, marteler, à la manière – un peu – d’une Ginger Rogers et d’un Fred Astaire, en plus cru, en plus tripal, en presque ethnique. Il y a là rare fusion entre paroles et musiques. Une musique pétillante, gracieuse, percutante, pour des propos qui déjà ont on eux grande musicalité : du bonheur pour des musiciens qui outrepassent leur stricte fonction et fusionnent avec leur égérie, leur héroïne, leur collègue. Ils sont tout autant Amélie qu’Amélie : à trois ils sont un, pour un plaisir paradoxalement démultiplié.
Amélie semble porter en elle l’héritage des anciens, de cette musique traditionnelle que jadis on nomma le folk avant de faire de ce mot un terme fourre-tout qui ne veut plus rien dire. Je l’ai déjà dit ici mais insiste : j’ai cru entendre plus fort encore que Malicorne. Et faire ainsi polyphonies à trois, bravo, respect ! Amélie est coulis de fruits, nectar, miel, elle est toutes douceurs et ivresse. Et envie, en vie. « J’habite au bord du monde / Le ciel est à ma porte / La terre n’est pas si ronde alors je prête main forte… » Par ses chants, Amélie appelle le bonheur et en partie le construit. Ses ingrédients ? L’amour et le bon sens, le partage. Si sa chanson est engagée, c’est dans cette construction-là. Au service de ce projet, le déroulé est impeccable, sans défaut, grouillant d’imagination et de fraîcheur. Dire que ce qui semble être spontanéité n’est que long travail, qui ici frise la perfection. Amélie n’est pas qu’un biosystème né en lisière de la musique, une ZAD en résistance, une insolite et jouissive niche de la chanson : c’est en partie l’image du bonheur. Regardez après son tour de chant le visage des spectateurs : ils en sont irradiés.
Le site d’Amélie les crayons, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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