Off Avignon 2018. Après vous, écouter avec les yeux
Aurélien Mouzac et Maud Thibault, Chansons contre-signées 20 juillet 2018, Maison de la Parole, 16 h 15,
Maison de la Parole… comment percevoir la chanson, ses mots, sa musique, lorsque l’on n’entend pas ? Il n’y a pas que les oreilles pour percevoir l’émotion d’une chanson. Nos yeux sont là pour ressentir les expressions, les situations et les sentiments qu’évoquent une chanson. Et d’autres moyens sont à disposition. Depuis longtemps Maud et Aurélien sont un couple, elle comédienne et interprète en langue des signes (entendante) , lui musicien, guitariste, et quelquefois, chanteur. Avec le groupe Sale petit bonhomme , dont le chanteur auteur compositeur interprète, Jean-Jacques Mouzac, n’est autre que le père d’Aurélien, ils ont déjà mis en signes et en mots mariés les textes de Jean-Jacques, imprégnés de l’esprit de Brassens, tant qu’il doit venir leur souffler certains soirs ses souvenirs et ses rêves.
Mais la rencontre de Monique Brun, Michèle Bernard, Anne Sylvestre, Thibaud Defever (Presque Oui), Wally, Jehan et Nicolas Bacchus lors d’un festival leur a donné l’inspiration et l’envie d’un spectacle rien que pour eux deux, rien que pour nous tous, entendants ou pas. Le désir de mêler les choses de leur vie, traduites au plus près par Thibaud Defever, qui leur a écrit des chansons sur mesure, toujours prêt à co-ressentir, co-respirer, l’air des autres artistes.
Et d’y adjoindre les chansons déjà écrites par les auteurs qui leur parlent le plus, leurs références, qui sont les nôtres aussi : Des chansons déjà écrites de Thibaud Defever, Anne Sylvestre et Les gens qui doutent, Je t’aime de Michèle Bernard, Dick Annegarn et Sacré géranium (qu’Aurélien nous imposera en douceur et avec humour dans un vote du public très peu démocratique), Allain Leprest et Sarment, chanson dédiée à sa mère, qu’interprète de façon si émouvante Anne Sylvestre : « Là-bas, au pays des sarments / On va toujours docilement / De mariage en enterrement / Maman (…) Sous tes yeux clos brûle un diamant / Je suis sûre que le firmament / T’a couchée sur son testament / Maman ».
Ou Aucun Express de Bashung : « J’ai longé ton corps / Épousé ses méandres / Je me suis emporté / Transporté / Par delà les abysses / Par dessus les vergers ».
Si Aurélien, de sa voix douce et expressive, de ses belles notes de guitare, de ses récits de vie emprunts d’humour comme de sentiments, avec son sourire malicieux, sait nous captiver, nos yeux sont fascinés par le ballet incessant des mains de Maud, qui tels des oiseaux signent des ressentis, interprètent la chanson comme le fait le chanteur : les signes ne traduisent ni des mots ni des syllabes, mais des émotions, et il y a autant de langues des signes que de cultures, de pays, de façon de ressentir la vie. Maud « signe » aussi bien les textes que la musique, que ce soit la douce berceuse pour leur fille Naïm qui s’envole, caresse, protège, le blue-grass au banjo du père d’Aurélien, où le Bella Ciao dans sa version d’origine, celle des repiqueuses de riz…amer revendiquant de meilleures conditions de travail. En hommage au grand-père très âgé, immigré italien, qui grimpe toujours dans les arbres comme un gamin…
Un voyage dans la vie du jeune couple, dans la nôtre, un bonheur de délicatesse de sentiments, plaisir des yeux et des oreilles très convaincant. Vite, précipitez-vous, c’est le dernier jour !
Maison de la parole, 7 rue du Prévôt 04 90 82 61 10, 06 78 90 35 36, dernier spectacle le mercredi 25 juillet à 16h15.
Le page facebook d’Après vous, c’est ici. Le site de Sale petit bonhomme, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit des Mouzac, c’est ici.
Bonjour, venez-vous parfois dans la région iséroise? merci de votre répondre. Bien cordialement. Sandrine
Nous n’avons pas de rédacteur-trice « en résidence » en Isère. ça peut se faire de temps à autres à la condition que nos frais soient pris en charge (pas d’hôtel, mais hébergement chez l’habitant si nécessaire). Vous pouvez me joindre à mon nom sur messenger. Bonne journée