Off Avignon 2018. David Sire, le cœur entre les oreilles
9 juillet 2018, l’Arrache-Cœur,
Le roi des onomatopées ( Brrrrrrrrr!) et des homéotéleutes – somnambule, bulle, funambule, mandibule… BIDULE- n’est pas beau comme un camion ni riche comme Crésus. Il est grand, mince, chevelu, surtout derrière, et il a le regard doux des rêveurs, style Pierre Richard. Il porte un costume sombre avec élégance, un nœud pap’s et des chaussures rouges, de celles qui font valser à l’infini.
Sa voix, au léger accent du sud-ouest, vous prend aux tripes, mais en douceur, caressant les tympans de mots ensoleillés, pour pas qu’on grelotte. Il nous allume des FEUX, brûle l’ennui, rebrousse la mort, malaxe la terre, transforme les nuages en chat, en poule ou en hibou. C’est doux, c’est beau, ça fait du bien, et la voix se fait légère, ouatée comme ces merveilleux nuages.
Son acolyte, Fred Bouchain, quand on pose les lettres de son nom par terre, et qu’on les jette au vent, et bien des fois, ça fait Cerf… Badin. C’est plus amusant. D’autant que malgré son apparence plus sage, il est tout aussi survolté que son ami. De beige vêtu, il joue de la guitare, acoustique ou électrique, qu’il fait parfois sonner en puissante impro rock tandis que David frappe sur son tambour et vous hypnotise d’un regard noir dans un grand délire d’ogre gentil.
A moins qu’il n’en sorte de petites notes mélodiques qui s’envolent comme des bulles. Elle est belle cette guitare, d’un rouge assorti à la chaise, aux chaussures du poète, au Bidule, le ballon rouge de notre enfance, accessoire essentiel de la poésie sirienne (ne pas confondre). Tant qu’il nous est bidulosophie, sagesse des mots fous, sagesse des mots doux et ronds (Petit patapon ! non, il ne l’a pas faite, même si David Sire est aussi un expert en chanson pour les petits). Ce ballon, on le gonfle à la pompe à vélo, il devient énorme, et des fois il nous gonfle, c’est l’occasion de dénoncer tout ce qui ne va pas sur notre terre : « L’impératif catégorique de devoir (…) toujours être plus (…) La gonflette (…) La branlette (…) les bourrins, les bougons, les têtes à claques… »
Mais je me laisse emporter, et vous aussi, si vous acceptez d’entrer dans la ronde, pour y POUS SER « Chacune et tous ensemble / Chacun tout étonné / Que tant l’on se ressemble ». Si nous suivons le CO MPAGN ON qui ouvre la route (1). Ou Jacqueline la petite vieille au grand cœur qui rêve, dans sa maison de retraite, qu’elle est encore utile et fait les courses pour les autres avec son PETIT CABAS. Un sommet d’émotion.
Après la douce déclaration d’amour à sa Vivante : « J’aime tant ces cailloux / Que tu changes en trésor », à la « question têtue (…) qui es-tu ? », aux pensées qui envahissent sa tête jusqu’à la faire exploser, les petites filles dans le public connaissent bien la réponse : « La tête ça ne se bouche pas ! » Salle en délire. Allez-y !
(1) dédiée à Emmaüs
« Avec », David Sire et Cerf Badin, 13 rue du 58° RI-Porte Limbert 06 83 45 57 71, Salle Moustaki, du 5 au 29 juillet à 16 h 30, relâche les mercredis, durée 1h 15 mn. Mise en scène de Marina Tomé.
Dans le cadre des Talents Adami (6ème année pour cette opération avec Léopoldine HH , Batlik, Tom Poisson et Anastasia) avec le soutien entre autres de la Sacem, la Spedidam et le CNV
Le site de David Sire, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
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