Pourchères 2018. Entre 2 Caisses : le goût et les vers des filles
8 juillet 2018, La Chansonnade à Pourchères (07)
La veille, Les femmes chantent, groupe de chant choral animé par Elisabeth Ponsot, s’était régalé d’un répertoire en grande partie féminin, qui plus est sur la femme. Bis quasi repetita, avec les quatre grands garçons d’Entre 2 Caisses, des qui ne s’en laissent ni compter ni chanter, qui cette fois-ci font leur miel de chansons exclusivement féminines. Avec en prime, comme une bande-annonce, l’inédit de Michèle Bernard qui donne son nom au spectacle : Dans la peau des filles. « Vivre sous la peau des filles / Dans la nuit de leurs pupilles / Se promener comme un chat / Ouvrir doucement la grille / Qui mène au monde des filles / Que toujours on me cacha… ».
Bon, elles étaient presque trente, ils ne sont que quatre. Quatre ours à s’être limé les ongles, à caresser les chansons dans le sens de la rime. A chanter non ce qui leur est contraire, mais… à entonner des rimes féminines.
Sur l’affiche il est dit qu’on doit la mise en scène à Juliette, la diva qu’on sait. Qu’on aime aussi. Sur l’étroite scène de la Chansonnade, cette mise en scène ne doit pas être évidente, tant qu’elle se voit peu, ne se sent pas. Qu’importe, on a nos gaillards. Et, ma foi, un répertoire de choix : il est vrai que depuis vingt ans nos quatre chantistes nous ont habitué au meilleur de. Là, c’est du Mélissmell, du Quartet buccal, du Diterzit, de l’Hardy et de la Fontaine (pas le fabuliste, mais l’autre affabulée), du Juliette, de l’Anne Sylvestre et de la Charlotte Gainsbourg, de l’Evelyne Gallet (entendre nos gars chanter qu’on leur a foutu le feu au clitoris est certes singulier, mais pas vilain), Lucid Beausonge, Chloé Lacan, Le Maximum Couette, même Dalida… elles par le truchement parfois de leurs parolier et compositeur. En tous cas une sélection de vers qui, même mélancoliques comme ils le sont parfois, sont entre tous enivrants, qui tous laissent entrevoir un peu de l’intime de l’âme, du corps et du cœur des filles, le dedans, parfois les dessous. C’est elles que Dominique, Bruno, Jean-Michel et Gilles se mettent en bouche. Et « Elle a bon goût / La bouche des filles / Elle est pleine de joues / De dents et de papilles / On s’enroule dans leur palais / Elles ont bon goût les filles et leurs baisers » (ça, c’est des Wriggles et ce ne sont pas des filles !).
Plus d’une heure de délices, de plaisir, de rimes censées qui vont de pure douceur à déjà douce folie. Entre 2 Caisses est capable de ça, de passer dans l’autre camp, l’autre sexe, pour mieux nous en compter, mieux nous en chanter. Nous dire l’éternel féminin, façon Juliette : « Messieurs, venez m’aider / A ôter mes dentelles / Dans vos brûlants émois / Ainsi que je l’ordonne ». Partir par eux, avec elles « A la pêche au bonheur, suis le cours du ruisseau / De tes mains petite sœur, cueille les fruits les plus hauts ». Merci.
Le site d’Entre 2 Caisses, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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