Pourchères 2018. C’est qui Louki ? C’est elle, Elzière !
8 juillet 2018, La Chansonnade à Pourchères (07),
Parfois l’interprète, tout excellent(e) qu’il-elle puisse être (il y en a, beaucoup), fait sans le savoir de l’ombre à son interprété. Le phagocyte, le bouffe tout cru, le dissout, le fait disparaître de l’affiche, se substituant à lui. En ce domaine trop peut nuire. Je vous dis ça parce que c’est tout à fait autre chose avec Claire Elzière. Et là, à Pourchères, ils étaient bien deux à chanter sur scène (avec toutefois Dominique Cravic à la guitare et Grégory Veux au piano, excellents au demeurant) : Pierre Louki et elle. Louki en elle et par elle. Tant que c’en est épatant, que tout est bon chez elle, qu’y a rien à jeter. Et surtout pas Louki.
Pas d’effet de manche, de bas résille, pas de tentative de séduction qui en montrerait plus qu’il n’en faut. Une femme, presque banale. Une voix sans vocalises. La douceur, la simplicité. L’humilité de se mettre seulement au service de. Elzière aurait pu se la jouer, elle qui descendait tout juste de l’avion, d’une tournée de deux mois au Japon, aux mégas salles, au triomphe planifié. Autre lieu, autre espace-temps, autre raison ou déraison : elle est ici, avec la jungle d’Ardèche pour rideau de scène et deux cents autochtones amateurs de chansons pour tout public, même pas de riz au prochain repas. Sans sushi ni soucis.
Elle est là pour l’amour, la transmission. Pour nous parler d’un ami, nous le chanter. Pour certains d’entre nous, nous le révéler. Louki, qui ? Vous le connaissez, peut-être. Ou pas. C’est lui l’horloger de la chanson de Leprest : « Qui réparera / Demain son cœur à / L’horloger ? »
Louki, le savons-nous, est un de ses grands qu’on ignore, qui s’ignorait lui-même. Des textes savoureux, des rimes de toute beauté, avec option drôlerie, parfois coquinerie. « Jamais on n’avait vu autant de monde à ses obsèques / Il faut préciser qu’il mourait pour la première fois / Il y avait des gens, encore des gens et même un Tchèque / Qui pour la rime se trouvait là ». Des chansons que ne renierait pas le père Brassens, son copain, qui a d’ailleurs musiqué quelques-uns de ses textes. Avec une simplicité déconcertante, une redoutable efficacité aussi, Claire Elzière nous chante Louki comme on fait un cadeau. Fait de chansons connues (avec Louki, c’est relatif) et d’inédites, qui toutes pètent la santé : « La santé / Ça n’a pas de prix / Donnez de l’air / De l’air aux sardines / La santé / Ça n’a pas de prix / Donnez de l’air / A tout Paris ».
On ne va pas élire qui, de la programmation de cette 8e Chansonnade fut le ou la meilleur.e ? N’empêche que Claire Elzière en fut un des plus grands moments. De ceux qu’on n’est pas prêts d’oublier. Merci.
Le site de Claire Elzière, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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