Pourchères 2018. Des femmes en chantent…
7 juillet 2018, La Chansonnade à Pourchères (07),
Comprenne qui peut : il n’existe en fait que peu de lieux où chanson et chant choral se rencontrent, se fécondent. Comme s’ils étaient indésirables l’un pour l’autre, non ennemis mais. Ici, à Pourchères, chant choral et chansons sont d’une même famille. Comment pourrait-il en être autrement avec Elisabeth Ponsot ?
Dans la sphère des Oiseaux rares et de Musique à l’usine à Saint-Julien-Molin-Molette, de Michèle Bernard, le travail d’Elisabeth Ponsot est chaque fois remarqué. Car remarquable. Il y a trois ans, La Chansonnade avait déjà accueilli sa formation, Les Clefs à Molette, qui le mois passé vient de fêter ses vingt ans. Cette fois-ci, ce fut chorale plus rare encore, issue de deux stages réservés aux dames. Quand ça se passe si bien, on a envie de poursuivre, d’encore chanter et nous enchanter. Le nom de cet ensemble vocal ? « Des femmes chantent » ! Vingt-sept choristes sur scène. Et un bien talentueux pianiste à leur service : Emmanuel Le Poulichet.
Autant de chanteuses sur la scène de Pourchères, avec pour toile de fond toute l’Ardèche ou presque, ça fait, sinon du bruit, au moins de l’harmonie. Avec, une fois encore (comme avec les Clefs à molette), un choix de chansons sensible et judicieux. Qui souvent fait la part belle aux ami(e)s, de grande proximité, d’esprit toujours, de territoire souvent : Jeanne Garraud, Rémo Gary, Anne Sylvestre et Véronique Pestel (toutes deux ce soir présentes), Lalo, Pierre Delorme, Michèle Enée, Chloé Lacan (son A la pêche au bonheur fut un des « tubes » de cette Chansonnade, partagé aussi par Entre 2 Caisses le lendemain), Michèle Bernard. Et Nazim Hikmet, Raymond Queneau, Serge Gainsbourg, Dick Annegarn. Que du bon, avec cette thématique, en filigrane, des femmes dans tous leurs états. Les dames de mon quartier, Des femmes tombent, Le chemin des dames, Madame Femme, Si tu t’imagines (fillette fillette…), Le foulard en coton, Le petit grenier, Vanina… Femmes actrices de leur vie, femmes martyres, femmes dont l’Histoire se joue, dont les hommes se foutent… Vingt portraits de femmes, en touches sensibles. « Toutes les femmes qui tricotent / Tricotent en pensant à aut’chose / Qu’à la pelote qu’elles tricotent ». Elles pensent, elles chantent. Parfois se rient d’elles : « Les femmes c’est du chinois / Le comprenez-vous moi pas / Telle autre quand elle se couche, est avide de sensations / Vous riez jaune la fine mouche / Comptent les autres au plafond ».
Interprétations plus que convaincantes, en de grandes nuances de tons, chorégraphie fluide, pas de temps mort si ce n’est celui d’applaudissements chaque fois mérités : c’est un sans-faute collectif pour une troupe étonnante, détonante, un plaisir démultiplié. Et l’un des grands moments de ce festival qui pourtant en a compté d’autres.
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit des Clefs à Molette, c’est ici ; la page facebook des Filles du Ramdam, c’est là.
Quelle belle aventure ces deux années (presque trois) avec « Des Femmes Chantent ». Une tranche de vie avec ses fous-rires, ses larmes, ses épreuves, ses joies, du boulot mais toujours dans le plaisir d’être ensemble et d’unir nos voix au service d’un répertoire magnifique choisi avec doigté par une cheffe de choeur exigeante et bienveillante…
Une expérience qui a changé ma vie de chanteuse amatrice et qui va nourrir en profondeur les années à venir.
Merci les filles! Merci Malou!