Bobin-Gaillard, restaurateurs d’œuvres d’art chez Renaud
8 juillet 2018, festival La Chansonnade à Pourchères (07),
Ça fait pas mal de concerts et des milliers de kilomètres que ces deux-là, parmi d’autres, interprètent les chansons usinées à la régie Renaud. Pour Bobin et Gaillard, c’en est même la dernière, la der des ders. Après c’est rideau, ils sèchent le Séchan, pour à nouveau s’investir complètement sur leurs répertoires respectifs.
Sur la scène de la Chansonnade, en l’absence de leur narrateur habituel, Bobin lit des pages de Renaud tandis que Gaillard trépigne des doigts sur les touches de son chromatique. J’ai cent ans. Deux timbres, le début d’une collect’. Avec eux, on ramasse ces chansons qui balisent nos vies à la manière de p’tits cailloux tout blancs. Que Renaud a semé. Et dieu seul sait qu’on s’aime. Germaine. « Une java ou un tango / C’est du pareil au même / Qu’importe le tempo ». Renaud, c’est notre bien commun : le public, déjà, fait corps à chœurs. La chanson du loubard. Bobin à la guitare électrique, Gaillard à l’accordéon, putain c’est encore plus beau que l’original, que l’icône, même du temps où elle savait chanter. Dans mon HLM. « J’ai rien à gagner, rien à perdre, même pas la vie… » Bruits de fond de la voisine acariâtre qui vient de mettre en marche sa bétonnière rien que pour embêter les festivaliers : laisse béton ! J’ai cent ans. La teigne. Je suis une bande de jeunes. Les charognards. Bobin et Gaillard réimpulsent la dramaturgie, la tension des chansons. A la manière des artisans du Louvre, ils restaurent les œuvres fatiguées, abîmées : ces deux-là font œuvre d’utilité publique. C’est quand qu’on va où ? C’est là où on se rend plus encore compte à quel point Renaud nous est important, qu’il a fait trace dans nos vies, sillages indélébiles. Que malgré Renard et son dernier disque, on l’aime. Oscar. Rita et un pot pas encore pourri. Hexagone. Lucien. Son bleu : c’est fou comme Bobin, en la chantant, à l’intonation de qui chanterait que son boulot a foutu l’camp à Singapour… Marche à l’ombre, Déserteur : « En Ardèche il fait beau / J’suis là avec des potes ». Nous y sommes justement. Mistral gagnant. Renaud, c’est un truc qui nous dépasse, qui le dépasse lui-même sans doute. Avec superbe, Bobin et Gaillard ne mettent que les points sur les « i ». Ah, y’a pas de « i » dans Renaud ? Que voulez-vous, c’est comme ça, c’est tant pis. Faut faire comme si.
Le hasard veut que je sois dans l’écriture d’un livre sur Renaud, à paraître aux premiers jours d’octobre dans la collection Plume & Pinceau. Dieu (ou diable) que ce concert, parfait, sensible, intelligent, nous restituant ce Renaud qui nous est si important, m’est alors bénéfique. Comme un utile marque-page, un mémento, une révision, pas loin de quarante ans d’un type important qui balise nos vies. Merci François Gaillard. Merci Frédéric Bobin.
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de François Gaillard, c’est ici. Et de Frédéric Bobin, c’est là.
Ah lala, mais pourquoi n’étiez vous pas là pour cette 8ème chansonnadee de Porchères. Qu’est ce que vous avez raté….! Comme chaque année, queux beau monde : Morel Gérard, Hervé Akrich, et puis François Gaillard en duo avec Fred Bobin, pour un pur moment d’intenses émotions, de redécouverte de Renau. Pas de superlatifs, c’était trop trop bien. Mamie Eliane
Tiens je profite de ma petite bafouille pour demander à nouveau pourquoi la lettre quotidienne de Nos Enchanteurs, dont je suis si friande, n’arrive pas tout naturellement dans ma boîte email, chaque jour. ?
Moi qui ne suis pas un grand fan de Renaud (en tant que chanteur), j’ai vraiment adoré ce spectacle avec François Gaillard et Frédéric Bobin.