Rémy Tarrier, fait-il encore des chansons ?
Début des années 70…les Cabarets de la rive gauche qui ont fait connaître Brassens, Brel, Barbara, Guy Béart, Gainsbourg, Nougaro ou Pierre Perret et bien d’autres, vivent leur derniers feux. On y a vu récemment encore Serge Lama, Bernard Lavilliers ou Coluche, puis Hubert-Félix Thiéfaine. Rémy Tarrier y fait ses débuts de chanteur, rencontre Allain Leprest à qui bien plus tard, en 1994 il donnera une chanson, Joyeux Noël. Il se partage entre ses chansons et le théâtre pour enfant. C’est à ce moment-là que Vogue lui fait enregistrer le titre « Il n’y a aura pas de match retour » qui le cataloguera dans un répertoire plus restreint qu’il ne l’aurait souhaité.
Petit à petit il chante moins lui-même, mais continue à écrire et composer des chansons, et de plus en plus de sketches, notamment pour Didier Gustin, ainsi que des scénarii de séries pour la télévision, dont les Guignols de l’info.
Comme pour beaucoup, passées les contraintes de rentabilité de la vie active, la grande envie d’écrire et de chanter en toute liberté le reprend, et le voici à nous donner trois généreux albums, tout ce qu’un être humain peut accumuler de pensées, d’expériences et de sensations au cours de sa vie bien remplie.
Un double album, Dernières nouvelles du fond, réunit vingt-six chansons en 2013, suivi d’Au cas zou en 2016, avec le musicien compositeur et arrangeur Claude Préchac aux guitares, claviers et autres instruments, pour des chansons humoristiques, tendres ou satiriques.
Enfin fin 2017 ce ne sont pas moins de quinze chansons, avec Flâner, qu’il nous sort de sa besace, chargées de souvenirs un brin nostalgiques (Paris 70), d’auto-dérision : « Un jour je vais changer oui mais par où commencer », de tendresse et de préoccupations écologiques sur des rythmes très jazzy. Toujours avec son complice Claude Préchac qui enregistre tous les instruments, et Emma Staël aux chœurs. Sur scène il s’y adjoint la jolie contrebasse de François Fuchs.
Son cauchemar écolo : « Devant les écrans vides / Je te serre dans mes bras / Il fait lourd et humide / Et pourtant tu as froid » distille l’inquiétude qu’on porte tous au fond de nous, dans une atmosphère pas si lointaine d’ Il y avait une ville de Nougaro.
Alors que sous le mode humoristique Blues de vache dénonce l’absurdité de notre monde économique, donnant la parole à Suzette ou Marguerite, devenue un simple numéro : « Six tonnes de lait par an / Ça vous détruit les lolos »
Cet album contient des trésors d’écriture, qui se révèlent dans ses chansons d’autodérision où la lucidité « mélancoliste » n’empêche pas la poésie : « C’est des sourires en pluie / Qui tombent sous la langue / C’est des perles de vie / Quand on n’a plus envie / Que notre rafiot tangue »
Tout autant que dans l’humour le plus déjanté, avec le même entrain que Le grand Orchestre du Spendid : « Serrons nos vices sur nos cœurs ! » (…) Mais doit me manquer …un boulon ! … »
La voix un peu rugueuse se fait douce dans ses chansons tendres, un J’aime toi, ou un Mon amour d’amie de la même veine que celles de Gérard Morel, rappelant que l’amour n’a ni âge ni limites :
« Je croyais que les vieux avaient cet avantage / d’avoir le cœur en paix malgré tous les pontages »
Même si cet amour têtu se révèle impossible dans sa chute bien amenée « Merci / Mon assistante de vie »
Allez Rémy, donne-nous encore de tes nouvelles…tu nous fais plaisir !
Rémy Tarrier, Flâner (2017), autoproduit
Prochain spectacle au Connétable le 29 septembre 2018 à 20h avec Olivier Philippson (Guitare / Accordéon)
Le site de Rémy Tarrier, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
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