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Bertrand Betsch, des chansons dans le doux

tout-doux-de-bertrand-betsch_6067626A l’écoute de ce seizième album (en vingt ans, depuis La soupe à la grimace de 1997, pouvez-vous dire et chanter mieux ?), on comprend l’indéfectible adhésion d’un public, sans doute trop maigre, à cet artiste attachant. Et doux. Nul autre nom d’album ne pouvait refléter autant cette évidence. Doux et soyeux, confortable. Tout doux, si on en croit le premier titre : « Aimons ce que nous sommes / Devenons cette personne / Qui se cache au fond de nous / Tout doux tout doux tout doux… » Bien sûr, on soulignera (on le fait depuis longtemps) le timbre, la délicatesse et le genre de chanson – le choix des mots, même – qui, irrésistiblement, font ici songer à Souchon, comme si Betsch était une bouture de la souche. A Beaupain aussi. Mais comme, ici, on aime de telles fleurs…

A contre-courant de ce qui actuellement prédomine, Betsch n’habille ni n’affadit sa chanson d’inutiles couleurs pop. Si la richesse du texte prédomine sans mal, les notes ne jouent pas les utilités. Somptueuses, elles font souvent large place aux cordes ; d’un titre l’autre, cuivres et percus prennent la relève, avec le renfort d’un clavier fantaisiste, comme dans Le vide en soi : « Il y a des murs au-dedans de nous / On est dans le dur, la corde au cou / Il y a tout ce qu’on aimerait dire, tout ce qui nous fait plier genoux / On voudrait fuir mais l’on marche sur des clous / Rendez-nous nos rêves ».

C’est une chanson qu’on prendra pour miroir. De l’auteur-chanteur qu’est Betsch, oui. De nous-mêmes aussi sûrement. Une chanson, un être qui se questionne. Et questionne l’autre, dans ce que nous sommes, dans nos rapports amoureux : « De votre amour j’ai fait mon deuil / Retournez d’où vous venez / Je vous ai aimé par hasard / Sans trop y croire ». C’est doux, même si ailleurs, sur le titre d’après, ça se chamaille : « Je te rends tes cris / Je te rends ta colère / Je te rends tes victoires / Et je prends ma défaite… »

De ses heurts et douleurs, Bertrand Betsch tire, non forcément bonheur, mais philosophie, calme, sagesse. Tout dans le doux. En notre époque d’une rare violence, c’est bien plus qu’appréciable. Faites savoir que Betsch est là. Et qu’il chante. Mieux encore : nous enchante.

 

Bertrand Betsch, Doux, Microcultures records 2018. Le facebook de Bertrand Betsch, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 
Le vide en soi Image de prévisualisation YouTube

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