Les idéaux de Dumas le québécois
A l’heure de la sono mondiale, des infos et des réseaux sociaux, la chanson tarde toujours à traverser l’océan : un artiste québécois peut faire de nos jours une douzaine d’albums dans son chez lui et rester grand inconnu au centre de la francophonie qu’est ou serait Paris (remarquez que c’est bien aussi le sort de la plupart des artistes français…). C’est donc au treizième album que sonne à notre oreille et le nom de Dumas et son art, une chanson qui se pare, se cache un peu parfois, sous les atours et les effluves d’une pop-rock peu originale mais bien agréable à qui veut l’entendre. Il y a peu, il fit dans l’Hexagone les premières parties des Cowboys fringants pour présenter son nouvel opus, se présenter surtout : « Qui sait, peut-être / Un jour la chance te sourira / Je t’en supplie accroche-toi ».
Nous n’aurons pas l’indulgence que nous aurions d’un débutant. Au reste, c’est l’album d’un art bien rodé, aux arrangements carrés, où l’électronique le dispute à l’acoustique, même si aucun son n’est artificiel ou bidouillé à l’ordinateur dans les rythmes de Nos idéaux : tout y est fait main sur des instruments et c’est sans doute pour ça que notre oreille accroche et va de plage en plage, alerte et curieuse.
Le « je » prédomine dans les onze titres de cette livraison : ça limite le propos, il en est souvent ainsi de la pop qui privilégie le son au sens : « Où sont passés mes idéaux ? / On les a pris en otage / En oubliant mes idéaux / J’ai bâti ma propre cage » avoue-t-il.
On oscille entre une chanson intimiste et une autre à grand spectacle, le désir d’un vaste public et un cercle de connaisseurs plus ciblé. Pas plus que le public français, nous ne connaissons le passé, donc les acquis, de Dumas : difficile alors d’y puiser de quoi faire comparaison, éventuel fil conducteur. Va savoir, si cet album rencontre le public ici, nous arriveront peut-être les précédents. On se contente pour l’heure d’un opus assez convaincant qui nous pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. « Comment suis-je arrivé ici ? / En une nuit ou une vie ? Par quel détour ou quelle envie ? / Ai-je raté ma sortie ? » L’avenir nous le dira.
Dumas, Nos idéaux, Tribu/distribution Sélect 2018. Le site de Dumas, c’est ici.
Il écrit en alexandrins ?