Laïn, un appel d’elle
Anne-Sophie Marien Aka, dite Laïn est une jeune autrice-compositrice interprète qui a débuté par le jazz, en parallèle de son écriture influencée par Bashung, Ferré, Nougaro ou Barbara.
Après une période de remise en question, elle met en musique sa première chanson en 2011, composée au piano, fait la rencontre de l’auteur Jean Fauque avec lequel le courant passe immédiatement. Il lui fait don de la chanson On sera sur écrite à l’origine pour Bashung, qui figurera dans son prochain album.
A la suite d’une résidence dans l’émission Foule Sentimentale de France Inter en mars 2018, ce sont quatre textes écrits et composés par elle, avec les arrangements de Hipsta qui réalise l’album, qu’elle nous propose en mai sous ce cartonnage blanc, noir et vert dessinant un visage en forme de vitrail.
Elle chante, ou plutôt parle-chante, avec une voix d’une grande maturité, incisive, d’une autorité naturelle qui interpelle ses auditeurs avec une articulation profonde. C’est l’amour en ville et ses turpitudes, ses fulgurances aussi qu’elle nous décrit dans une marche impérieuse, vers des rives où la mer n’est jamais loin.
Son Matelot peut faire penser au Légionnaire d’une autre, mais où la lumière serait trouble à travers les hublots, avec cette écriture étrange, urgente : « On s’est aimé comme deux junkies / Inséparables, maladifs / Prêts à se tuer à coup de canif… »
Plus noir encore est cet Appel d’air, où l’on renifle l’air vicié de la Ville « L’appel d’air appelle au-delà / Sur le jardin toussent les camélias / Qui retournent la terre, retournent à la terre / Comme des mégots, des mégots »
Les sons de ses mots se jouent, comme dans le rap. Mais paradoxalement dans un des titres les plus chantés de l’album, au rythme effréné de la musique dans ses arrangements électroniques qui paraissent aussi naturels qu’indispensables . Ce ne sont pas des nappes décoratives, mais le cœur de cette Fin de l’hiver que ne sauraient réchauffer des forêts entières : « J’ob J’ob J’ob J’ob J’ob / Sède sède sède / La nuit, le jour, je croise les gens, le fort / Je gèle gèle gèle »
Et puis voici la plus belle des chansons, à l’effet très acoustique, en lente ballade sur les notes de piano, qui devrait si le monde était juste devenir un classique… « Au coin du feu j’entrelace / Mes doigts de pieds entre les tiens comme je suis bien (…) Et quand je te cherche, que mon cœur s’accélère / Je retrouve, dans les yeux de ma mère / Le reflet des drapeaux »
Au bout de quatre chansons on a déjà un univers…Sur les vidéos en scène cette blonde au physique de petite fille sage semble s’imposer sans faille. Hâte de voir ça en concert.
Laïn, Matelot, album EP 4 titres, 2018 Néogène Music
Le site de Laïn, c’est ici.
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