Eddy de Pretto « Beaulieue »
Tu es belle, immense, diverse
Colérique, éclectique, tatouée de nique
Tu parles fort, polémiques et crées panique
Tu es violente sans pitié, cries aux pédés
Tu es populaire, souriante et quadrillée
Pédagogue au carré et bétonnée
Tu es aussi craintive de feu plein les yeux, électrique
Tu es fleurie remplie de pâquerettes et d’incendies
Oh Beaulieue il vaut mieux que je te quitte
Je file les poches sans fric
Oh Beaulieue bel et bien ma favorite
Je garde toutes tes briques
T’insultes des mères, violes des frères
Tu te bats pour tes terres
Tu te sens concernée
Comme touchée de la tête au pied
Il te pousse des ailes ambitieuses et ravageuses
Que tu dépucelles de haine de force vénéneuse
Tu es voilée sous un tissu couleur dorée
Sous-estimée tu brilles de frénésie et de fierté
Sur tout ton corps sont tatouées des perles d’or…
Eddy de Pretto
Paroles Eddy De Pretto, Musique Eddy de Pretto et Cédric Janin. Extrait de l’album « Cure » (2018). La chanson évoque sa ville d’origine, Créteil.
Retour sur ce premier album de quinze titres d’Eddy de Pretto chroniqué par Pol de Groeve.
Avec simplicité et sans complexes il y parle de sexualité sans tabous, de ses relations avec ses parents, avec les autres, des quartiers, d’addiction (Jimmy, qu’on peut prendre pour une chanson d’amour), de stéréotypes de genres, Kid, ou encore Quartier des lunes : « Quoi, n’as-tu plus besoin de mes règles ? / Entends, mais fort, je t’aime et te surveille / Tu verras comme dehors c’est sans soleil / La cité des mâles veille sur le quartier des lunes. »... Plus généralement des injonctions sociales à être ou ne pas être conforme, cherchant avant tout à se libérer sans provocation de contraintes imposées. « Je suis assez maladroit, je n’sais pas gérer le nous / Et c’est du haut de ma grande tour, que je fais genre avec des clous / Je penche ma tête à demi sûr pour tenter le tout pour le tout »
En totale correspondance avec notre monde actuel, sa sincérité touche chacun, qui peut y retrouver ses interrogations, ses exaspérations et ses ressentis. Même si on évoque à son propos Stromae, Pierre Lapointe, Guidoni, Brel, Bashung et même Nougaro, il reste lui-même jusque dans ses reprises de Barbara (Du bout des lèvres) ou Bashung (Madame rêve). Une seule question, a-t-il déjà tout dit dans cet album abondant ?
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