Les Naufragés : chansons vagues
Huitième album studio pour cette formation (le second depuis la reformation du groupe en 2012), toujours menée par Spi (Jean-Michel Poisson, au chant ainsi qu’à la plupart des paroles et des musiques), qui, bien qu’elle soit née en Occitanie (à Montpellier), se dit issue des retrouvailles entre le rock et la chanson populaire bretonne, « moyenâgeuse, lyrique ou cruelle selon les époques ». Le Vent d’Ouest de la chanson-titre donne encore la latitude et la longitude de ce nouvel opus. En fait, à part un titre issu du répertoire d’OTH (le groupe d’origine de Spi), toutes les chansons, qu’elles soient soutenues par des airs trad’ celtes (comme dans le Tam-tam des Cévennes) ou fassent retour sur leur premier amour qu’est le ska (Tout le monde est là), perpétuent sinon le quotidien et l’imaginaire de la mer, au moins la frénésie de liberté, « une vie de cavale, d’amont en aval »
Car ce septuor est Coureur de liberté, de celle que suggère l’océan : « J’entends le poète éternel / qui dans la nuit appelle / Coureur de liberté / A continuer de plus belle ». Un poète éternel personnifié dans un autre titre, écrit par David Schittulli, autre membre d’équipage de cette formation : « Oui, je suis l’âme éternel, le poète éternel / Qui refuse de se taire, qui refuse de braire ». Mais tout reste en déclarations d’intentions dans ce disque finalement bien sage, bien rangé, comme s’il n’explorait que le folklore de la mer et du voyage, thèmes récurrents mille fois ressassés par les vagues autant que par les dunes. Comme s’il fuyait en mer les réalités de la terre. L’audace est plus dans de vagues suggestions, telle que Le mur des aimantations… Des incantations (« …par dessus clôtures et frontières / Ecoutez-le qui se libère / Apporte-moi le bruit d’un peuple qui se dresse / Apporte-moi cris de débauche et forte liesse » Le vent) ou de banales généralités…
Ce n’est du reste pas sur les textes et leur contenu qu’on attend particulièrement nos Naufragés, mais bien sur leur énergie scénique, dont le disque n’est – ça ne peut être autrement – qu’une lointaine approche, juste de quoi se mettre en mémoire des titres en tête pour bien en profiter les concerts venus. A ce titre, leur précédente livraison, Concert intégral de 2016, était à l’évidence plus convaincante. Cet opus studio n’est qu’agréable, ce qui est déjà ça : il faut qu’il se réalise sur scène.
Les Naufragés, Vent d’Ouest, [Pias] 2018. Le site des Naufragés, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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