Liz Cherhal, l’étonnant concert-confidence lyonnais
26 mai 2018, A Thou bout d’Chant à Lyon,
La scène est aussi étroite que le budget. Et si Liz est là, c’est en formation réduite, prestation inédite, qui hésite entre le concert et la confidence. Et fait les deux. Avec un seul musicien, à la guitare électrique et machines, qui plus est Morgan Prat, son nouveau compagnon, son amoureux. Déjà que la chanson de Liz Cherhal pratique l’autobiographie et délivre, ouvertement ou nichée au creux de ses vers, sa vie, ses états de cœur et sa vie de couple, ses décompositions, ses recompositions… « Feu vacillant : Pense un peu aux enfants / Silence de mort : Dis, est-ce que tu dors ? / Non, c’est bien pire, je crois que je vais partir ». Elle qui d’habitude ne peut guère déborder d’un format scénique strict peut ici, en toute liberté, parler en abondance, s’épancher. Et nous prendre à témoin. C’est soirée de Gala pour journalistes et auditeurs curieux, gourmands de la vie des gens, de leurs secrets d’alcôve, même à leur insu. Presque « dossiers de l’écran », concert-rencontre, avec débat à la fin de la projection : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Liz Cherhal sans jamais avoir osé le lui demander. Deux vies, deux raisons, deux maisons. Espace de libre parole. Du jamais vu, jamais entendu, vous dis-je.
Dans sa formule habituelle, sensibilisée qu’elle est au langage des sourds et mal-entendants, le récital de Liz est traduit simultanément en langage des signes. La traductrice n’est pas là, n’empêche que le visage et les gestes de notre insigne Cherhal parlent et signent abondamment. Gestuelle admirable joignant l’agréable à l’utile en une chorégraphie qui ajoute à la dramaturgie de ses chansons. « J’ai marché, tant marché qu’il a disparu mon bébé / J’écrivais des chansons et j’ai aperçu ce garçon… » La chanson et son décryptage, ce qui se cache derrière les mots, utile catharsis. « J’ai comme un trou dans le cœur / Depuis tout à l’heure / Un trou qui grandit maintenant et ici / Comme une envie d’ailleurs / La vie, ton bonheur / N’est plus avec lui, va t’en d’ici »
Economie de moyens en scène mais belle efficacité au service de titres fiévreux, parfois stressants, dramatiques comme on le dit d’un film, en une séduisante tonalité rock. L’essentiel est ici restitué. Et Liz est là. En grand écran, hallu-ciné(e). Comme dans une chanson de geste. De chorégraphie, même sur cette scène pas grande. « Je suis Sauvage / Je suis Lange / Je suis carnage / Je dérange… » Presque en transe. Elle se livre. Entière, authentique. Le moment n’est pas commun, l’instant privilégié. D’une grande impudeur. On n’osera le mot de magnifique, mais ça l’est. Concert collector par deux fois (le second, c’est ce soir samedi, et ne saurait être tout à fait le même), précieux comme un pacte qui lie le public et l’artiste qui, ce soir-là, s’est dévoilée bien plus qu’à l’accoutumée. Sentiment diffus, confus peut-être, d’être entré si loin dans l’ADN d’une chanson, de pénétrer ce qui se cache à la commissure des mots, à la jointure des vers, dans la construction si intime de telles chansons-miroirs. Ce qui est sûr, c’est que d’artiste, Liz Cherhal est devenue amie. Nous la connaissons désormais si bien…
Le site de Liz Cherhal, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le facebook de Zibelli, c’est ici.
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