Jules Nectar, comme son nom l’indique
Nouvel album, six ans après Au fond d’une heure oubliée, qui consigne des titres depuis longtemps interprétés en scène, tant que c’en était presque l’Arlésienne, le serpent de mer.
« A trop raser la terre / A ignorer les gens / On transforme en pierre / Notre peau notre sang / A rester trop distants / A trop fuir le mystère / On se change en poussière / Puis on devient du vent… »
Quel que soit la portée de ses propos, la gravité qui parfois s’y niche et nous alerte, Nectar chante léger. Le possible décalage n’altère pas les mots, au contraire. En fait, Jules Nectar suggère plus qu’il ne dit. Comme un engagement impressionniste, une ambiance faite de mots abreuvés de petits et de gros maux, de « propos qui ne manquent pas d’air (…) des drapeaux (…) des bannières », nuages noirs et courants d’air froid, touches entre gris clair et gris foncés. Percent dans les vers des angoisses… « Il y a des lendemains qui chantent / Il y a des aujourd’hui qui pleurent / Notre passé qui nous hante / Il y a des demains qui font peur ».
D’une belle écriture pas avare de rêveries (« Quand vient le soir / Tous les yeux sont gris (…) Quand vient la nuit / Tous les yeux sont noirs »), de talons aiguilles sur le macadam, de regards aperçus et de pensées qui se faufilent, Nectar est agréable breuvage pour qui a soif de poésie feutrée, de ce souci d’observer et de calmement relater, de ces mots apaisés que secoue un rythme parfois bien plus nerveux.
Si ce n’est une furtive contrebasse sur un titre, c’est régime guitares (Jules Nectar et Clément Foisseau), basse et programmation. De la chanson (retenons ce terme, y’en a pas d’autre) qui prend parfois, souvent, la tournure et l’élégance de la pop, de l’électro aussi. Et Milu Milpop, d’origine polonaise, aux chœurs, comme une confortable et rassurante doublure aux mots. Les puristes de la chanson trouveront sans doute le son trop « variété » mais auraient tort de ne pas tendre l’oreille à un album qui vous conquiert plus encore à chaque écoute, dans sa douce et partageuse mélancolie.
Jules Nectar, Nos rêves, autoproduit/Nos futurs music 2018. Le site de Jules Nectar, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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