Jacques Higelin « Queue de paon »
Pour toi mon amour
Je voudrais avoir
Une longue, longue, longue
Longue et large queue de paon
Hérissée de plumes
Vertes et bleues
Avec des centaines d’yeux
Aux reflets métalliques
Pour t’éblouir et te faire peur
Pour te séduire et t’émouvoir
Mon cœur
Je voudrais avoir
Une longue, longue, longue
Longue et large queue de paon
Et sous un ciel de champ de bataille
Un horizon de terres de feu
La déployer en éventail
La faire vibrer sous la mitraille
De ton regard brillant
Canaille brûlant
Fiévreux
Ma longue, longue et large queue… de paon
Pour toi mon amour
Je voudrais avoir
Une longue, longue, longue
Longue queue de serpent
Verte et dorée encrée de Chine
Avec des centaines d’anneaux
Dans leur fourreau d’écailles
Pour t’enlacer, te faire frémir
T’hypnotiser, te faire jouir
Mon âme
Je voudrais avoir
Une longue, longue, longue
Longue queue de serpent
Et sous l’orage au beau milieu
D’un champ de tournesols en flammes
La brandir comme un samouraï
Pour la plonger dans le brasier
Ardent, furieux
Torride et troublé
Dévorant de tes entrailles
Ma longue, longue, lisse
et gluante queue de serpent
Pour toi mon amour
Je voudrais avoir
Une longue, longue, longue
Longue et large queue de… paon
Verte et dorée, bleue, irisée
Avec des centaines d’yeux
Aux reflets métalliques
Pour te poser, te rafraîchir
Te pâmoiser, te faire jouir
Mon amour
Je voudrais avoir
Une longue, longue, longue
Longue et large queue de paon
De paon
Pour toi mon amour
Je voudrais avoir
Une longue, longue, longue
et large queue… de paon
Jacques Higelin
Paroles et Musique Jacques Higelin. Extrait de l’album « Amor Doloroso » (2006)
Après une tournée internationale en petite formation, toujours accompagné de Mahut aux percussions, et un récital Trenet repris en 2005 dans l’album Higelin réenchante Trenet (où notre cœur fait Boum, en solo chez Guillaume Durand pour Campus, ou plus tard ici dans un délirant duo avec Camille), Higelin retourne à la création grâce à Rodolphe Burger chez qui il enregistre cet album sensuel, tout entier consacré aux jeux de l’amour et du désir.
Il s’ouvre avec cette explicite Queue de paon, ici reprise en duo avec Camille. Prise de bec traite des jeux de la passion et du désir et sombre dans un délire assez bien rendu par cette petite animation.
Ice dream reprise au concert philharmonique en 2015, se joue des sonorités glacées ou crémeuses pour évoquer les jeux de cache-cache de l’amour, L’hiver au lit à Liverpool use également de charmantes allitérations pour séduire ici Emmanuelle Béart chez Michel Drucker.
Se revoir et s’émouvoir fait sa déclaration en langage soutenu : « nous n’sommes que deux poussières d’étoiles / égarées dans l’infiniment flou / vous, sur votre île perdue en mer/ moi, perdu entre ciel et terre / tous deux plongés / dans le miroir de nos pensées / amères ».
Exceptions dans l’album, Crocodaïl dénonce la cruauté cannibale de nos sociétés, ici aux Mots de Minuit avec son guitariste Alice Botté et Mahut, et J’taime telle, dédiée à Izia est toute de tendresse et d’admiration paternelles .
Retour à l’amour avec Halloween, parti danser dans la forêt de Brocéliande dans les bras de Dana déesse celte du plaisir, Ici c’est l’enfer ou Amor doloroso qui traitent de la séparation. L’album se termine sur la très belle J’aime, ballade aux accents beaudelairiens.
Une bien jolie interprétation de La folle complainte de Trenet :
https://www.youtube.com/watch?v=2ZiDuAua6Hw