Jacques Higelin « Parc Montsouris »
Le Parc Montsouris c’est le domaine
Où je promène mes anomalies
Où j’me décrasse les antennes
Des mesquineries de la vie
Y’a même un kiosque à musique
Où des militaires jouent à moitié faux
Je vis pas ma vie, je la rêve
Le soleil se lève et moi aussi
C’est comme une maladie
Que j’aurais chopé quand j’étais tout petit
Et qui va pas m’lâcher avant qu’j'en crève?
Le facteur, le coursier,
Et les belles de nuit
Les éboueurs m’interpellent :
« Hey Jacques ! Qu’est-ce que tu fous encore debout à c’t'heure-ci ? »
Je vis pas ma vie, je la rêve
C’est comme une maladie
Que j’aurais chopé tout petit
Quand l’parc Montsouris ramène sa fraise
Les matins où l’soleil vous mord la peau
Le dos collé à la chaise
Les pieds au bord d’la pièce d’eau
Ça m’rappelle
Cette valse autrichienne
Que papa jouait en rentrant du boulot
Mon cœur est déchiré,
Séparé du tien
J’me sens comme un routier
Entre loup et chien
La vie c’est c’qui vous tombe dessus
Toujours au moment où on n’y croit plus
Ma coupe est pleine de nostalgie
Devant l’comptoir du tabac Montsouris
Les clodos, le livreur,
La marchande de journaux
M’offrent un pot m’interpellent :
« Hey Jacques, hey tu viens de te lever ou tu rentres te coucher ? »
Je vis pas ma vie, je la rêve
Le soleil fait la grève et moi aussi
C’est comme une maladie
Que j’aurais chopé quand j’étais tout petit
Et qui va pas m’lâcher avant qu’elle m’achève?
Jacques Higelin
Paroles et Musique Jacques Higelin. Extrait de l’album « Tombé du ciel » (1988). Version au piano avec Tchikara Tsuzuki à l’harmonica, sur A2 pour Du côté de chez Fred en février 1989.
C’est l’album du retour, fou et créatif avec le violon tzigane de Lockwood, bourdonnant et entêtant pour Follow the line (ici à Vincennes en 1989 avec une longue intro à l’harmonica), ou en ponctuation dissonante pour Chanson, avec leur rythme, les chœurs pour le premier, La suite dans les idées arrangé par William Sheller, les fantaisistes Bras de fer, ici lors d’un Portrait de 1994 et Tom Bonbadilom, superbe marche enfantine irrésistible.
Et encore Parc Montsouris dédiée à son père, en piano-voix, et où l’on trouve cette phrase si représentative, « Je vis pas ma vie, je la rêve » , l’incontournable Tombé du ciel, la plus connue des chansons d’Higelin sans doute avec Champagne, ici à Vincennes en 1989, et ici littéralement tombé du ciel du haut de sa balançoire en 1990, Poil dans la main qui fut un succès en 45 tours. Et moins connue, la superbe Ballade pour Roger avec son dialogue entre Roger (Roger Knobelspiess) le prisonnier et Marie Rivière (qui chante la voix féminine) « Je peux plus dormir / Je peux plus rêver / Tant qu’un ami ou un amour seront enfermés », Le drapeau de la colère avec les tambours de Doudou N’Diaye Rose, L’innocence, sorti en CD en version longue, plus le grand orchestral Symphonie des droits de l’homme.
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