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Pierre Lapointe au cœur de la scène

Pierre Lapointe (photo Pamela Lajeunesse)

Pierre Lapointe (photo Pamela Lajeunesse)

Bruxelles, La Madeleine, 11 avril 2018,

 

La science du cœur, le très bel album de Pierre Lapointe sorti voici quelques mois, brillait autant par l’acuité de ses textes que par la richesse de ses orchestrations. On est donc intrigué, en pénétrant dans la jolie salle bruxelloise de La Madeleine, de ne voir la scène occupée que par deux instruments seulement : un piano et un marimba (un xylophone africain, merci Wikipedia).

L’évidence s’imposera pourtant très vite : avec deux accompagnateurs de ce calibre – Amélie Fortin et ses doigts magiques, Julien Campagne et ses mailloches virevoltantes – , nul besoin d’un orchestre pléthorique. La sobriété sera donc de mise, sans que cela exclue pour autant la virtuosité.

C’est par Qu’il est honteux d’être humain que Pierre Lapointe ouvre le concert. Jolie chanson lente et un peu solennelle. Le chanteur nous avertit alors : « j’espère que vous avez apprécié ce morceau, car il vous donne une parfaite idée du ton du spectacle ! ». Il ne nous ment pas. Durant plus d’une heure et demie défileront des chansons mélancoliques et tristes, explorant les affres du cœur sous tous les angles. Et pourtant, le public ressortira de la salle le sourire aux lèvres. Cherchez l’erreur ?

L’entièreté de son nouvel album est au programme, entrelardée de titres plus anciens. Le tout dans une grande cohérence, comme si l’artiste ne s’intéressait depuis toujours qu’à un seul et unique sujet (mais n’est-ce pas le cas ?). Un cœur, Nu devant moi, Les sentiments humains, Pointant le nord, Sais-tu vraiment qui tu es, Comme un soleil, Je déteste ma vie… Autant de morceaux pour disséquer le sentiment amoureux, l’aborder sous toutes ses facettes, l’observer sous de multiples prismes. La musique vient souligner les mots, le texte est mis en avant, que Pierre Lapointe énonce d’une diction parfaite, avec un détachement qui exclut tout pathos sans tuer l’émotion. Sa gestuelle est à l’avenant, sans outrance aucune. La salle écoute, attentive, entraînée dans les méandres et remous de ce fleuve Amour sur lequel dérive la barque du chanteur.

pierre-lapointe-theatre-corona-la-science-du-coeurOkay, mais ce n’est pas un peu plombant quand même ? Ce pourrait l’être si l’artiste, vêtu d’une chemise rose improbable, ne faisait preuve d’un humour revigorant dans ses interventions parlées, jouant de son image assumée de chanteur intello. Ainsi, par exemple, nous annoncera-t-il les deux chansons gaies de son tour de chant – c’est relatif, bien sûr – comme étant des titres « joyeux comme un Noël que l’on passe tout seul » ! Impossible également de ne pas être enchanté par le dispositif scénique – un cercle formé de tubes lumineux aux couleurs changeantes et mouvantes délimite l’espace de jeu – , pur et simple d’apparence, d’une beauté graphique à couper le souffle.

Mention particulière pour la belle version de Nos joies répétitives (un « petit bouquet d’aveux de défaite », selon sa jolie formule) et pour la chanson-titre de son album, qui clôt le spectacle, coup de poing d’émotion au crescendo irrésistible. Suivront en guise de rappel un Alphabet (où les percus remplacent agréablement les beats électro de la version du disque), que l’artiste nous a présenté comme un hommage à Amanda Lear (si si !), avant que ne s’achève le concert sur un titre de 2006, Deux par deux rassemblés, qui – dixit – est la chanson que les radios passeront le jour de sa mort. Celui qui était fort hier/Ne sera que poussière demain…

En attendant ce jour lointain, Pierre Lapointe est bien vivant et en tournée un peu partout. Profitez-en.

 

Le facebook de Pierre Lapointe, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Sais-tu vraiment qui tu es Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Pierre Lapointe au cœur de la scène

  1. Catherine Laugier 14 avril 2018 à 17 h 38 min

    Pierre Lapointe est au Francofolies de Montréal le 15 juin, puis en tournée en France jusqu’à l’automne, à Paris le 22 octobre. Mais d’abord à Sète le 24 juin, à Saint-Etienne le 28 dans le cadre du Festival Paroles et Musique, à Toulouse le 29… Profitez-en pour le découvrir si ce n’est déjà fait, un des plus grands talents de sa génération.

    Répondre
  2. Odile fasy 15 avril 2018 à 8 h 46 min

    Oh combien j’aimerai le voir sur scène » en vrai » , dans une belle
    salle comme celle-ci!
    Merci pour cet article qui me va « droit au coeur ».
    J’écoute son album « Paris tristesse » sans me lasser.

    Répondre

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