Festival des Chansons fraîches. Mèche, l’amour désenchanté
7 avril 2018, Festival des Chansons fraîches, Cosmopolithèque de Béziers,
« Mon amour, j’ai bien peur qu’il soit trop tard / J’ai trop l’habitude de t’en vouloir… » Seule et ceinte de son instrument, une guitare électrique, telle est Mèche. Elle ne chante que l’amour, variantes et variables. Avec passion, parfois colère, espoir et désillusions, résignation. Avec presque lyrisme, comme s’il fallait ça pour déjouer le mal d’amour, les mots du coeur. « A ma santé, cul sec / A mon prochain échec ».
« Tu souviens-tu des couleurs de notre premier regard / C’était bien trop beau pour une longue histoire ». Chaque vers, chaque note et intonation participent à la dramaturgie d’un amour à la peine, souvent remis sur le métier : « Aujourd’hui je perds d’équilibre / J’abandonne / Je sortirai dessous le givre / Après l’automne ». C’est tourmente, somme de douleurs, de blessures passées, présentes et à venir ; c’est, par elle, l’amour qui porte plainte et réclame son dû. C’est prenant, on se fond dans les chansons de Mèche, on fait corps, on boit ses mots, on déglutit ses amères douleurs. On peut aussi recevoir les propos déchirants comme autant de griffes pour soi, en souvenir de nos propres blessures, nos chagrins passés, nos pleurs coulant sur les joues. « Tu vois, l’eau fait du vague sur ton langage / Tu vois l’eau fait des vagues sur mon visage / Et j’aime pas ton message ».
Forcément inattendu pour qui ne l’a jamais vue, n’est pas de mèche, ce Laisse-moi t’aimer, de Mike Brant, qui va puiser sur une autre rive de la chanson : comment redécouvrir ce qui fut un tube, sous un autre éclairage, autre proposition, changement de statut. Un slow, toujours, ici débarrassé des outrances d’une interprétation surjouée : « Laisse-moi t’aimer toute une nuit / Faire avec toi le plus long, le plus beau voyage… » Surprenant, excellent.
Comment, par quelle force, quelle magie, Clémence Chevreau, notre Mèche, peut-elle faire vivre sur scène une telle offre d’amours, de passions, l’avant et l’après avec tant de conviction, d’affliction, de persuasion ? Et, malgré les revers et défaites qui jonchent l’arène, repartir au combat jusqu’à la victoire, jusqu’au repos de la guerrière. Et, au passage nous offrir de telles chansons d’amour qui parfois se muent en odes, en complaintes. De pure beauté.
La page facebook de Mèche, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
« Comment, par quelle force, quelle magie, Clémence Chevreau, notre Mèche, peut-elle faire vivre sur scène une telle offre d’amours, de passions, l’avant et l’après avec tant de conviction, d’affliction, de persuasion ? »
Je pense pouvoir répondre à cette question, un peu… Par le travail.t Travail de composition, d’écriture, sur ses instruments, sur la voix, travail sur soi aussi pour surpasser les difficultés et les horreurs de la vie qui nous entourent… Trouver sa voix et sa voie demande un travail permanent. Chanter en public cela exige des lieux, des festivals, des rencontres avec d’autres. Mèche est une travailleuse. Clémence aussi travaille et depuis longtemps. J’ai toujours aimé son engagement même quand elle ne faisait pas profession de la chanson… j’écoutais de la musique en aléatoire sur mon Ipod, quand d’un coup on entend L’EP de Mèche en voiture et mon voisin m’a demandé c’est qui, MOI: Pourquoi ?Lui parce que c’est bien, J’ai répondu Mèche une jeune artiste.
PS Précision sur son EP et la chronique dans les FrancoFans Nathalie Fortin est en partie responsable des 2 titres avec Piano. Les autres c’est Mèche elle seule. J’aime son jeu, son touché de guitare. Beau et efficace. quoi de mieux.