Wally, comme au télé-achat

Le camelot et artiste Wally au Pax (photos Geoffrey Saint-Joanis/AUUNA)

11 mars 2018, Le Pax à Saint-Etienne,

Wally serait-il comme les pains et les poissons de la légende ? Il se démultiplie. On le connaît dans son registre de l’humour, Géo Trouvetou des objets insolites et drôles, expert ès-chansons courtes aussi. De tout ça, il nous en fait comme mise en perspective : c’est son nouveau spectacle, « Déstructuré » l’appelle-t’il. Il ne l’est pas tant que ça, nous y revenons tout à l’heure.

Et, souffre-t-il du complexe du chanteur qui n’est que rigolo, toujours est-il qu’il se lance, sur d’autres scènes, en un projet, le « Projet Derli », où le sourire l’emporte sur le rire, l’humeur sur l’humour, où la musicalité tient une place primordiale, où ce diable d’homme fait la part belle aux chansons longues, lui qui n’en fait en temps normal que de quelques secondes guère plus. Pourquoi « Derli » ? Parce que son blaze, son vrai nom, est Lilian Derruau. Sous le nez du clown se cachait un chanteur sensible, qui, au moins le temps d’une parenthèse, à l’« envie de montrer une face cachée et qui sait peut-être même de nous émouvoir… » On vous relate ce Wally-là dès que possible, dès qu’il fait raccord avec nos agendas.

Car c’est en VRP que Wally s’est pointé au Pax. Avec pour scène comme un déballage commercial et, pile en son milieu, notre chanteur-amuseur en camelot (un aperçu, ici, de sa boutique). Est-on, présentement, encore en chanson ? Des chansons courtes, oui, par ci, parcimonieusement, par là, parlamonieusement. Quelques notes, des slogans qu’il gratte de sa guitare : « Quand le pétomane surjoue, ça se sent tout de suite », « L’inceste c’est pas la mer à boire, c’est le père à avaler »… Des diapos projetées sur moyen écran, des fiches bricolage et des vidéos (courtes, il sait pas faire mieux) avec qui il fait singuliers duos…

Dans le public, comme Wally aime le dire et en rire, des vieux et des enseignants, souvent les deux à la fois. Et des abonnés à Télérama. Souvent les trois, c’est large. Bon, concédons, y’a quelques gamins aussi, qui ne comprendront pas tout, c’est bien pour eux. Car si Wally adapte ses blagues au public, il ne fait pas dans la dentelle. Même dans ses blagues à retardement, celles qu’on comprend seulement le soir en rentrant chez soi. Ou le lendemain pour le journaliste, quand il rédige sa chronique en relisant ses notes.

Géo Trouvetou, disais-je. Oui, l’Aveyronnais qu’est Wally est l’heureux inventeur du tourne-pouce automatique, du gratte-nombril, de la machine à coincer la bulle, des chaussures à marcher sur des œufs et de bien d’autres objets qui tous méritent l’audimat du télé-achat. Que croyez-vous qu’il fasse sur scène ? La démonstration ! Même si l’utilité publique de ses trouvailles restent à démontrer… J’vous raconte même pas ses œuvres d’art potagères, tels ces vitr’aulx. Vitr’aulx ? Ben oui, le pluriel de vitr’ail !

Tout est nul, tellement que c’en est irrésistible. Comme quand il fait course de vitesse en bicyclette sur une vidéo de Montand : « J’ai toujours rêvé d’être en avance sur Montand ! » Fallait oser : Wally ose toujours ! Comme quand il se lance dans un plaidoyer pour l’onanisme ! « La destinée de l’homme, c’est de se prendre en main ». On en pleure de rire : mouchoirs et sopalins !

Qu’il cesse un jour de faire le malin, et on l’aura. Tiens, dans son « projet Derli » : s’il n’est plus impayable, nous serons impitoyables !

Le site de Wally, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.