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Impayable Johnny !

johnny et laeticiaLe temps est sans dessus dessous, la calotte glacière fond et nous annonce des flux de réfugiés climatiques qu’il nous faudra tôt ou tard accueillir. Chaque jour, en Syrie, femmes et enfants, hommes aussi, meurent sous les bombes conjuguées de son président-dictateur et de son homologue de Russie. En Turquie, on tue les droits de l’Homme. Un président américain fou rabaisse chaque jour la dimension présidentielle au rang du caniveau et de surcroît joue avec l’avenir du monde. Chaque nuit 3000 SDF dorment dans les rues et les parkings de Paris, combien ailleurs ? A Bure, on déloge la ZAD pour mieux enfouir des déchets nucléaires. Après La Poste et EDF, c’est au tour des cheminots de bientôt perdre leurs acquis. Et aux ruraux de perdre des milliers de km de voies ferrées : la désertification de ce qu’il reste du milieu rural est en marche. Les pauvres sont encore plus pauvres, les riches encore plus riches… « Merci Macron » chantent les Charlots.

Mais c’est Johnny qui encore et toujours fait l’actu. Encore si c’était l’héritage artistique (si, si, ne riez pas), ça pourrait nous concerner. Mais ce n’est qu’affaire de famille, une embrouille d’héritage, à mi-chemin entre le droit français (c’est quand même à Paris, en France, que l’Etat, aux seuls frais du contribuable, lui a rendu des obsèques nationales) et le droit californien. Avant de mourir, le rockeur a déshérité ses deux ainés, David et Laura, au seul bénéfice de sa femme Laetitia, qui désormais aux yeux de tous apparaît comme un monstre froid et calculateur. Et le chœur antique dirigé par la digne et héroïque Sylvie Vartan, « la plus belle pour aller danser », de s’émouvoir. Un conseil aux biographes : torchez vite un bouquin sur Sylvie, ça va se vendre.

La "une", très verveine-mante, de Charlie de la semaine passée

La « une », très verveine-mante, de Charlie de la semaine passée

Que Johnny relève du patrimoine national, c’est vrai : il faudrait être de mauvaise foi pour affirmer le contraire. Mais, même si sa fortune vient de ses fans, que ses affaires de succession relèvent du débat national, ça l’est moins : ça devrait rester affaire privée qui ne nous regarde pas.

Chaque jour les médias font bien pire que ce qu’ils ont fait la veille. Au lieu de travailler la raison, ils labourent l’émotion jusqu’à la nausée. Et le bon peuple tombe chaque fois dans le panneau. Leur actuelle vache à lait, de pis en pis, c’est le drame chez les Hallyday’s, c’est comment Laura, David, Laetitia, Sylvie (Nathalie a la sagesse de ne pas intervenir publiquement) vont porter le glaive plus profond encore, faire de ce feuilleton à rebondissements le nouveau Dallas qui nous tient en haleine : un univers impitoyable, je n’ose dire impayable.

Faut-il protéger Laetitia contre les hordes de fans instrumentalisés par les médias ? Faut-il renoncer à acheter le Johnny inédit qu’on nous promet de peur que les bénéfices n’aillent qu’à son épouse légitime ? Faut-il accessoirement déterrer le cadavre exilé à Saint-Barth, trop loin des larmes de Sylvie, pour l’encenser au Panthéon et l’inhumer sous la pelouse du Stade de France ?

Est-ce cela la chanson, que de la résumer à quelques artistes seulement et de la cantonner aux infos people et judiciaire ? Est-ce servir la chanson de n’offrir au grand public que de tels et lamentables refrains ? Dire que tant d’artistes, de plans B dirait l’autre, crèvent de ne pas avoir accès aux médias…

 

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Johnny Hallyday, c’est ici. Notons que Michel Kemper, auteur de cet article, est le co-auteur, avec Jean-Marc Héran, du livre « Johnny Hallyday, à la plume et au pinceau » qui ressort en librairie le 21 mars 2018.

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