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Laurent Berger, Delphine Coutant, Nico* : à l’amitié, l’amour, la joie

Nico*, Delphine Coutant et Laurent Berger en répétition avant le concert (photos Michel Kemper)

Nico*, Delphine Coutant et Laurent Berger en répétition (photos Michel Kemper)

Laurent Berger, Delphine Coutant et Nico*, 24 février 2018, Agend’Arts à Lyon (Rhône),

 

« Je m’appelle fantaisie / Je suis née d’une envie / D’un péché d’un plaisir / De la loi du désir… » Que peut-il y avoir en commun entre le lyonnais Nico* (si vous lisez cet article à voix haute, prononcez Nico Etoile), la nantaise Delphine Coutant et le voironnais Laurent Berger (la chanson ci-dessus est de lui), aux univers si différents, si ce n’est l’amour de la chanson bien écrite, bien interprétée. Et l’amitié. C’est sur ce matériau-là que s’est construit cette soirée complice, où le répertoire de l’un et des autres se mélange, s’intercale, précède ou succède. Se partage aussi, se combine.

20180224_174735« Montre-moi ta flamboyance / Attaque-là ta danse / Décline toutes les poses / Du félin qui s’impose / Et rugis / Et rugis ». Là, c’est Delphine Coutant, en pull pailleté, qui plus encore attire à elle la lumière. Devant deux mâles, elle est en Parade nuptiale. Et eux de faire le beau, en chœurs qui battent, prêts à leur tour à « ouvrir le bal / aux agapes viscérales ». A la délicatesse des rimes qui de Coutant qui de Berger, Nico* répond, lui, par des vers qui virent au rouge, presque feraient tâche et rendraient écarlate la moindre nonne si tant est qu’il y en ait ici, à la Croix-Rousse : « Mademoiselle je voudrai savoir comment votre corps se termine (…) je suis un rêveur onaniste ». Même en enlevant les mots de la bouche de son copain Matthieu Côté (1), c’est, En titubant mais en bandant, pour mieux sauter sur toute femelle qui bouge. Obsédé, Nico* ? On peut un temps le croire tant ses mots sont bruts de forme, délicieusement provocs, intentionnellement choquants (mais, diantre, si bien écrits !). Et puis on se ravise, révise son jugement à l’écoute du titre suivant, bouleversant, suspendu : « Ne me décroche pas / Je ne veux pas redescendre / J’ai suspendu le temps / sur terre il tombe assez de cordes : pour se pendre… » Ou quand il chante, accompagné à la basse par Guillaume Lloret, le boss d’Agend’Arts, qu’il est « la promesse des filles / L’odeur de ton sexe endormi / Je suis un corps provisoire / Un cœur / Sans contour / Je suis le rêve d’un fou (…) le rêve d’un autre (…) je suis la banlieue de tes seins / le carrefour de ton sexe… » Si, en scène, Nico* peut être gauche, il est adroit en écriture, tant qu’on peut l’envier.

20180224_175206Question adresse, ses deux comparses n’ont rien à lui envier. On sait les mots délicieux de Laurent Berger et cette voix voilée qui les porte. Là, ce soir, il pourrait étrenner son nouvel album (L’âme des maraudeurs, sur lequel nous reviendrons prochainement), s’y consacrer pleinement, fêter l’avènement comme il se doit. Mais c’est un modeste et c’est à peine si le nouvel album est mis en exergue sur le bar. Pas de tête de gondole pour celui qui se fond dans l’amitié ce soir partagée. « De mille miroirs à dessaler / De mille miroirs qui ne font qu’un / Hardi je serais paludier » nous chante-t-il. Et Delphine Coutant d’être plus émue encore, elle qui, en sus de son commerce de chanson, fait en douce, en louce, celui de paludière, à Guérande… Ballade en mer salée, encore : « Tous les amours s’en vont en mer / Pour la traversée du sublime / Ils laissent les vivants derrière / Au quotidien qui les opprime… » Que du beau, seul à la guitare ou accompagné par Delphine au violon, par Nico au piano, qui donne furieusement envie de se plongée dans ce nouveau disque tant attendu…

Il est excusable ici, à Lyon, de ne pas connaître Delphine Coutant, qui vient d’une autre contrée, autre marée. Dans un récital partagé, chacun fait moins de titres. Mais ce peu aiguise plus encore le désir. Et Coutant, en l’écoutant, nous laisse le goût du sel, mélodies imparables et mots qui nous mènent loin dans la pure poésie, à « guetter les sables émouvants des gens » pour en tirer d’insolites constructions.

« Rien n’est plus beau qu’un vers inachevé / Rien n’est plus beau qu’une phrase incomplète / Qui dit à l’autre à toi d’imaginer / Qui dit à l’autre vas c’est toi le poète… » : ça, c’est de Laurent Berger et peut s’appliquer à cette soirée, cette rencontre où nos trois amis ont donné chacun un peu d’eux. Le peu n’est pas assez, c’est concert inachevé, émotions incomplètes. Envie folle d’y revenir.

 

Le site de Delphine Coutant, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le site de Laurent Berger, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Le site de Nico*, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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