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Bonbon Vodou : doux et beau à la fois

Bonbon Vodou (photo LeForum Vaureal)

Bonbon Vodou (photo LeForum Vaureal)

par Babette Richard et Michel Kemper

 

Bonbon Vodou, 11 février 2018, Le Pax à Saint-Etienne (Loire),

 

C’est une salle mini, mimi. Il fait froid dehors mais chaud dedans, d’autant plus que les notes ici dispensées sont dorées à la chaleur des Antilles.

Deux sur scène, chacun sa fleur dans les cheveux. Oriane a la grande tresse noire des vahinés et cette « créolité » héritée de son papa réunionnais, l’accordéoniste René Lacaille : 65 ans de scène au compteur, c’est pas rien, bon sang ne saurait mentir… Eux et des ukulélés, des petites percussions et des instruments faits d’éléments de récup, aux bruits incongrus. Des samples aussi. Bonbon Vodou fut, semble-t-il, le nom donné à une drogue. Il sera dit que ce duo en est une autre, douce, dont l’alchimie opère en nous, distillant lentement mais sûrement ses effets. On aurait pu parler aussi de piment, mais la musique de ces deux-là est bien plus douce, et si piment il y a il faut sans doute y trouver celui d’Espelette, l’exotisme de Bonbon Vodou s’égayant, mise en scène inclue, plutôt dans le tendre, le soft. Le sucré, pas l’édulcoré. Et la tendresse : « Le joli piège amoureux s’est refermé sur nous deux… » même quand c’est L’amour Ikéa, qui reste à assembler.

C’est quand leur deux voix chaudes et cristallines qu’ils mélangent au même micro, que notre voyage commence réellement. Leur univers musical joue sur les tonalités, résolument tourné qu’il est vers les rythmes africo-caribéens pulsés par une foule de petites percussions « maisons ». Oriane joue du sac en plastique et de la boite de conserve ! Hors l’ukulélé, Jerem joue aussi de sa « guitare-bidon », qui tient plus du banjo fait d’un vieux bidon d’huile et d’huile de coude.

Si la sonorité des mots, leur coté dansant, prend souvent l’ascendant sur les textes, il n’en reste pas moins des chansons touchantes, parfois saisissantes, des tranches de vies criantes de vérité où la tendresse du propos cache bien plus grave (« On m’a promis un toit / On m’envoie les gendarmes »). Ils nous chantent aussi cet homme handicapé qui voyage dans sa tête, en vélo d’appartement, accumulant par centaines, par milliers, les kilomètres qui l’éloignent de son mal être. Une manière s’il en est de faire son chemin, de tracer sa route. A leur manière, nos Bonbon Vodou nous font faire tel voyage, non à coups de pédalier mais en musiques. De celles africaines, mi-traditionnelles mi-citadines ; de celles polynésiennes, si « fiou », mélancolie propre aux insulaires…

Histoire peut-être de plus encore muscler leur répertoire, ils y adjoignent du Brigitte Fontaine en créole réunionnais (Le nougat, qu’Oriane chante aussi, en temps normal, dans le cadre du collectif des Musiques à Ouïr). Et du Henri Salvador (Oh, si y’avait pas ton père), si naturel en un tel répertoire exotique.

Exotique, cette chanson-là fut jadis, à elle seule, une subdivision de la chanson. La variété en a fait alors grand usage. Là, dans l’épure d’un deux-voix et de quelques rudimentaires instruments, on en découvre un autre aspect, autre usage, tout autre charme encore. A voir le public au terme de ce concert, ça marche du tonnerre. On en redemande.

 

Le site de Bonbon Vodou, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

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